Le porte-parole du FFS, Karim Tabbou, a animé, mercredi dernier, une conférence-débat à la cité universitaire de Ben Aknoun pour expliquer les raisons du rejet de cette présidentielle. Cette sortie du FFS a le mérite de placer les enjeux du scrutin du 8 avril dans un contexte international et plus particulièrement dans le monde arabe et le Maghreb. Ainsi, le chargé de la communication du FFS indique que la déchéance de Saddam en Irak et la repentance de Kadhafi en Libye ont poussé le pouvoir algérien à accélérer le processus électoral. Poursuivant son approche, l'orateur souligne que le rendez-vous du 8 avril constitue «une étape déterminante d'une oeuvre machiavélique pour se donner un maquillage démocratique sur la scène internationale». Concernant la dernière sortie médiatique du général Lamari, Tabbou affiche de sérieux doutes sur la neutralité de l'institution militaire durant ce scrutin. D'ailleurs, l'orateur déclare constater une théâtralisation de l'échiquier politique qui consiste à désigner que le pouvoir c'est Bouteflika, l'opposition c'est Benflis et l'armée comme neutre. Pour ce qui est des scénarios prévus par Lamari en traçant les lignes rouges au futur président, le porte-parole du doyen de l'opposition s'est montré déçu par la réaction de la classe politique qui a salué aussitôt cette position. «Voilà l'armée qui fixe les libertés démocratiques, le multipartisme et le caractère républicain de l'Etat comme principes inviolables alors que la plate-forme de la Soummam donne la primauté au civil sur le militaire. Pourquoi se réjouir, donc, de la position de l'armée?» s'interroge le conférencier. Pour corroborer cet état de fait, l'orateur annonce que le FFS n'est pas un parti qui murmure la démocratie derrière les chars. Sur la présidentielle proprement parlant, Tabbou estime qu'elle ne mobilise que le pouvoir et sa clientèle. Sur un ton alarmiste, l'orateur considère ce scrutin comme un danger pour la démocratie d'abord en ceci qu'il vise non seulement la confiscation du pouvoir, mais aussi la création d'une opposition factice. En clair, «c'est un élection de plus avec moins de démocratie», conclut Tabbou en relevant, au passage, une inflation de présidents depuis 1992. Dans la foulée, l'orateur n'a pas mâché ses mots pour mettre à nu le pouvoir dont les bases sont «la violence, la corruption et le régionalisme». S'agissant du groupe des dix, le conférencier, qui rappelle que le FFS a été sollicité par Hamrouche et Ali Yahia pour y prendre part, précise que le parti d'Aït Ahmed cherche non pas une élection transparente mais une élection démocratique. D'après Tabbou, cette dernière nécessite, d'une part, la réunion de toutes les conditions d'une compétition loyale et d'autre part des règles de jeu préalables. Pour cette raison, le FFS n'a pas jugé utile d'intégrer le groupe antifraude. Concernant les trois candidats qui ont refusé l'invitation de la télévision, Tabbou juge saugrenue une telle décision : «Ils boycottent la télévision qui est sous le coup de Hamraoui Chawki et ils ne boycottent pas une élection qui est sous le coup des généraux». S'agissant des promesses de Bouteflika d'organiser une élection régulière, l'orateur répond avec ironie : «Comment un président qui était incapable d'organiser le gala d'Enrico Macias peut-il organiser une élection crédible!». Sur un autre chapitre, le chargé de la communication du FFS, interpellé par les étudiants sur la question des indus élus en Kabylie, déclare que «le premier indu élu est Bouteflika». Dans le même ordre d'idées, l'orateur souligne que la problématique de la légitimité des institutions ne doit pas concerner uniquement la Kabylie mais tous le pays. Ainsi, le conférencier a saisi l'occasion pour tirer à boulets rouges sur les archs qui se proclament de la citoyenneté et interdisent aux citoyens d'avoir une opinion politique.