Insécurité n Beaucoup d'immigrants, qui croyaient trouver l'Eldorado aux Etats-Unis, vivaient dans la précarité. Le 24 décembre 1919, à la veille de Noël, il fait froid à Bridgewater, petite ville à quelques kilomètres de Boston. Comme la pluie menace de tomber, les gens se pressent. Beaucoup font leurs emplettes ou achètent des cadeaux pour la fête qui s'annonce. Une voiture, transportant des fonds pour la fabrique de chaussures White, passe. Brusquement, des coups de feu éclatent. La voiture est prise à parti par des truands. Ceux-ci, au nombre de deux, sont dans une voiture de marque Buick : comme les convoyeurs de fonds ripostent, les gangsters prennent la fuite. Les témoins, interrogés par la police, parlent d'«étrangers» au type méditerranéen prononcé. «Sans doute des Italiens.» En ces années d'après guerre – la première guerre mondiale a pris fin en 1918 – l'Europe, dont l'économie était exsangue, déversait des foules d'immigrants en Amérique. Les Italiens étaient nombreux et, leur communauté, dans certaines villes, comme Boston, devenait importante. Beaucoup d'immigrants, qui croyaient trouver l'Eldorado aux Etats-Unis, vivaient dans la précarité. Aussi, y avait-il beaucoup de délinquants et des noyaux de la mafia ont commencé à activer, important outre-atlantiques, les méthodes de la mafia italienne. L'enquête de la police ne donne rien. Les suspects arrêtés ont dû être, faute de preuves, remis en liberté. Quatre mois plus tard, une autre attaque a lieu à South Braintree, ville voisine de Bridgewater. Le caissier de la fabrique de chaussures Slater et Morill, Parmenter, sort des bureaux de sa société, accompagné d'un garde du corps, Berandelli : les deux hommes transportent un coffre contenant la paye des ouvriers d'une succursale de la firme. Ils font quelques pas dans la rue quand deux hommes viennent dans leur direction. Parmenter recule. — attention, lance-t-il à son garde du corps. Mais il est trop tard. Arrivés à leur niveau, ils s'arrêtent et, avec une rapidité foudroyante, sortent des revolvers de leurs poches et tirent sur eux à bout portant. Les deux hommes s'écroulent, les bandits, eux, s'emparent de la caisse. Des passants crient, mais personne n'ose poursuivre les meurtriers. Une Buick, stationnée dans une rue voisine démarre aussitôt, portières ouvertes : les deux hommes s'y engouffrent et la voiture disparaît, dans la confusion générale. Des gens s'élancent vers les convoyeurs pour leur porter secours. — appelez une ambulance ! — appelez la police ! Berandelli a été tué sur le coup. Parmenter, lui, vit encore. Il perd beaucoup de sang. Il va décéder à l'hôpital, quatorze heures après. On recueille les premiers témoignages. — Ce sont des gens de type méditerranéen ! — encore des Italiens ! — c'est sans doute la même bande qui a attaqué la fabrique de chaussures White ! Dans la population, c'est la colère : on ne peut plus sortir sans essuyer des coups de feu. La police ne fait pas son travail ! (à suivre...)