Images Dans chaque recoin, des banderoles à l'honneur d'un hôte pas tout à fait comme les autres. Un gros stratocumulus drapait déjà depuis hier les hautes montagnes ceinturant la paisible ville de Khenchela. Ce nuage, si majestueux et si terrifiant, apporte-t-il un signe particulier avant de se dissiper quelques heures après ? La question taraude les esprits dans cette région qui porte jalousement le prénom de la fille unique de la Kahina, symbole de la résistance «chaouie». Et le vent agite les banderoles flambant neuves et les guirlandes bariolées dans chaque recoin de la ville. «Marhaba bi sidi raïs», «Bouteflika moutarachihouna», il s'agit d'un petit rien dans cette forêt de textes rédigés en arabe classique pour souhaiter la bienvenue à Abdelaziz Bouteflika, hôte de la wilaya pour deux jours, première étape d'un périple qui le mènera par la suite successivement à Oum El-Bouaghi et à Constantine. Deux jours aux autorités locales pour faire de Khenchela une étape phare dans la «campagne électorale» de l'actuel locataire du palais d'El-Mouradia qui, pourtant, n'a toujours pas annoncé s?il allait briguer un second mandat. Bitume neuf, façades repeintes, trottoirs refaits, ce n'est pas tous les jours qu'un président réputé pour sa générosité non innocente débarque à Khenchela, «paradis perdu» de Ali Benflis, ennemi juré du président. Ce grand chantier de réfection a fait évidemment le bonheur des quelques entrepreneurs locaux, heureux d'avoir pris le gros du «marché». Les autorités locales prient pour que N'mamchas, Amamras et autres Hraktas s'unissent dans le but de ne pas décevoir le président qu'on compte vêtir évidemment d'un burnous chaoui et qui, comme à l'accoutumée, devra laisser les détails techniques mais ô combien subliminaux à Zerhouni. La «feuille de route» de ce périple est confectionnée de manière à ce que tout se fasse dans le détail près, sans la moindre erreur. Un accueil populaire de vingt minutes est programmé dans la principale avenue de la ville qui abrite un vestige de renom, l'immeuble de la défunte El Khalifa Bank, auquel Bouteflika ne saura, sans doute pas, être indifférent. Vingt minutes laissent penser surtout que l'accueil sera loin d'être spontané, mais les jeunes, pour la plupart dés?uvrés et s'adonnant? comme le regrette un officier de police ? au kif, à la colle et aux jeux très souvent meurtriers des canifs, auront la chance, pour une fois, de suivre avec intérêt le «derby du siècle» entre l'USMK et l'IRBK, les deux principaux clubs de Khenchela avec un invité de marque dans le nouveau stade gazonné de 10 000 places : Abdelaziz Bouteflika. Après le centre-ville, destination N'sigha, Babar, Chechar, Mahmel avec leur lot d'inaugurations et surtout un petit crochet par Ouled Rechache où des louanges lui seront sans doute psalmodiées à la zaouia de Sidi Tayeb Hafidi, un haut-lieu de bénédiction dit-on, non loin des eaux chaudes et tout aussi bienfaitrices de Hammam Salihine.