Résumé de la 9e partie n Sacco et Vanzetti, arrêtés dans l'enquête sur des hold-up sanglants, nient leur participation, mais ils se reconnaissent comme des militants anarchistes. Ils reconnaissent qu'ils appartiennent au mouvement ouvrier et qu'ils défendent la cause anarchiste, mais ils nient toute participation à des hold-up. En fait, pour la justice américaine de l'époque, l'appartenance à un mouvement de gauche équivalait au gangstérisme. On cherche un motif pour inculper les deux hommes : on ne trouve, comme chef d'accusation, que le délit de port d'armes, sans autorisation. Du moins pour le moment. Les jours suivants, les deux inculpés sont confrontés aux témoins des hold-up. On les fait comparaître derrière une vitre sans étain et les témoins défilent. Les témoins du hold-up de Bridgewater ne reconnaissent que Vanzetti, tandis que ceux de South Braintree identifient les deux hommes. «vous avez été identifiés ! — c'est faux, clament les deux accusés. — les témoins sont formels !» La cause est entendue : l'instruction est arrêtée là. Vanzetti va donc être jugé, seul, le 22 juillet 1920 à Plymouth, pour le cambriolage de Bridgewater : ce n'était là qu'un prélude au grand procès de 1921, qui devait avoir un grand retentissement. Il faut dire tout de suite que le magistrat qui va s'occuper de l'affaire, Webster Thayer, le président du tribunal, n'est pas un tendre : on dit que c'est un homme d'une grande probité morale, mais c'est aussi un puritain et un conservateur qui ne porte dans son cœur ni les mouvements ouvriers ni les anarchistes. Les témoins à charge vont accabler Vanzetti en affirmant l'avoir vu lors du premier hold-up. «Il n'y a pas de doute, c'est lui !» Les témoins de la défense, qui sont tous italiens, vont soutenir, au contraire, que l'accusé n'était pas à Bridgewater, le jour du cambriolage, mais dans la ville voisine de Plymouth où il vendait son poisson. L'un des témoignages, celui d'un jeune Italien, devait en principe disculper définitivement l'accusé : «Oui, monsieur le juge, l'homme que voici m'a vendu, ce jour-là, du poisson. Je m'en souviens très bien, parce que ce jour était un 24 décembre, veille de Noël ! — vous êtes sûr que c'est lui ? Vous vous êtes peut-être trompé ! — j'ai l'habitude de prendre mon poisson chez lui ! Un autre homme, lui, soutient qu'il a aidé, comme il le fait tous les jours, Vanzetti à pousser sa charrette. Mais le juge n'est pas prêt à accepter ces témoignages. Ces Italiens, qui parlent très mal l'anglais, ne cherchent-ils pas à défendre coûte que coûte leur compatriote, en inventant de toutes pièces ces témoignages ? L'accusé est reconnu coupable et il est condamné à douze ans de prison. Mais comme nous l'avons dit, plus haut, ce n'est là qu'un prélude au grand procès. Ce verdict va influencer les magistrats du deuxième procès. (à suivre...)