Résumé de la 10e partie n Vanzetti est d'abord jugé seul pour le hold-up de Bridgewater. Il a un alibi, mais les juges ne le retiennent pas. Le second procès, qui réunit Sacco et Vanzetti, débute le 21 mai 1921 à Dedham. Vanzetti a déjà été condamné à douze ans de prison, mais la peine qu'il encourt avec son coaccusé, est des plus sévères : comme il y a eu mort d'homme, dans le second hold-up, les deux hommes risquent la peine capitale. Comme dans le premier procès, Webster Thayer est le président du tribunal. Le procureur Fréderick Katzman et son assistant, Williams, représentant du ministère public. Katzamn est un homme massif, à face de bouledogue : plus que Thayer, il est encore plus farouchement opposé aux mouvements révolutionnaires et aux idées anarchistes. Cette attitude hostile, et il aura du mal, tout au long du procès, à la dissimuler aux deux accusés qu'il traite aussi avec un mépris. Ces derniers sont défendus par Fred Moore, un avocat de Californie, qui s'est illustré dans la défense de la classe ouvrière dans le passé. Le mouvement anarchiste va faire la publicité du procès, en présentant l'affaire sous un angle politique : ce n'est pas le procès d'un cambriolage que les autorités américaines s'apprêtent à faire, mais celui du mouvement anarchiste. «On veut bâillonner la classe ouvrière ! On veut étouffer toute velléité de contestation de l'ordre capitaliste !» Des journalistes, des représentants syndicaux, des militants de la gauche américaine, des curieux sont là. Sacco et Vanzetti sont assis dans une cage grillagée : ils paraissent, ce premier jour du procès, très calmes et surtout sûrs de leur cause. Dès qu'on leur donne la parole, ils s'exclament : «Nous sommes innocents ! On nous en veut parce que nous sommes des militants de la classe ouvrière !» Dès le premier jour du procès, consacré à la constitution du jury, Fred Moore défraye la chronique en se présentant… pieds nus et en bras de chemise. Le président du tribunal est fortement irrité. — maître, veuillez vous vêtir décemment ! Mais l'homme ne se laisse pas impressionner : — je m'habille comme je veux ! — vous m'obligez à vous renvoyer ! L'avocat s'écrie. — aucune loi n'impose de costume au tribunal ni de port obligatoire de chaussures, vous n'avez pas le droit de me renvoyer ! Le juge tempête, mais il sait que l'avocat a raison. Il ne peut rien lui imposer. «C'est tout à fait mon droit d'être comme je veux !», dit Moore. Plus tard, quand on lui demandera les raisons de ce comportement, il répondra : «C'est pour défier les juges !» La presse fait grand cas du comportement de Moore qui, loin de scandaliser, suscite de la sympathie. (à suivre...)