La majorité des médecins ignorent la conduite à tenir devant un malade atteint de l'hépatite B, en raison du manque de formation et de stages de perfectionnement. L'absence d'hygiène hospitalière est l'un des facteurs favorisant la prolifération de l'hépatite virale, a affirmé hier le professeur Nabil Debzi, spécialiste en hépatologie au CHU Mustapha-Bacha, lors d'une table ronde sur les hépatites virales. Organisée par l'association nationale SOS-hépatites, cette journée a été une occasion de débattre cette maladie qui constitue, selon les spécialistes, un problème de santé public. Nabil Debzi a indiqué que la stérilisation des instruments médicaux pose toujours un problème. Il explique que certains personnels de la santé ne dispose pas de la culture de d'hygiène hospitalière comme changer de gants entre un malade et un autre, et d'autres sont obligés d'utiliser un seul gant par manque de moyens. La majorité des médecins ignorent la conduite à tenir devant un malade atteint de l'hépatite B en raison du manque de formation et de stages de perfectionnement. Un avais partagé par le docteur Benachenhou, membre de l'association SOS-hépatites, qui ajoute que le personnel hospitalier, à l'instar des chirurgiens-dentistes, doivent utiliser des autoclaves pour la stérilisation de leurs équipements médicaux. Selon Nabil Debzi, il y a un manque de législation dans ce domaine. Certes, les lois existent mais c'est l'application qui fait défaut au même titre que la prise en charge du malade malgré un budget alloué par le ministère de la Santé, s'élevant à 3,5 milliards de dinars. L'initiative du ministère, selon l'association SOS-hépatites, n'est pas suivie d'un programme de prise en charge sérieux, notamment l'éducation thérapeutique qui réduira les risques d'infection. Dans ce sens, il a appelé les experts nationaux et les parlementaires à se concerter afin d'établir un programme national de prise en charge, de prévention et de dépistage de l'hépatite ainsi qu'un programme national de d'hygiène hospitalière. Le dépistage précoce de la maladie permettra de réduire l'incidence de la maladie. A l'instar du sida, l'hépatite B est considérée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un problème majeur de santé publique. En Algérie, il y aurait un million de personnes atteintes de l'hépatite B et 320.000 autres souffrent de l'hépatite C. Elles sont d'autant plus dangereuses que ces infections virales attaquent le foie et peuvent mener à la cirrhose, le cancer et la mort. Ce sont des maladies chroniques pouvant toucher tout un chacun, quel que soit le milieu social ou l'âge. En effet, la progression de l'hépatite chronique peut aboutir à une cirrhose. La cirrhose est de plus, un important facteur de risque pour le cancer primitif du foie. Mais un virus, celui de l'hépatite B, peut induire un cancer sans passage par le stade de cirrhose. A ce sujet, le président de l'association SOS-hépatites, a souligné qu'en Algérie, il y a une liste d'attente de greffes de foie de 35 à 40 patients. Malheureusement, seules 4 à 5 greffes sont réalisées dans l'année. La prise en charge d'une greffe de foie à l'étranger coûte plus de 2 milliards de centimes par malade. Les intervenants ont trouvé inconcevable que ce genre de greffes se fasse encore à l'étranger avec tous les grands spécialistes qui existent dans notre pays.