Tout le monde au Maroc est pour, des islamistes aux féministes. D?ailleurs au Parlement, le nouveau texte a été adopté à l'unanimité. «Le roi a insisté du début à la fin sur le référentiel islamique», se réjouit Saâdeddine El-Othmani, secrétaire général adjoint du Parti de la justice et du développement. «Il s'agit de solutions conformes à notre façon de voir l'islam, qui ne nous heurtent en rien», commente, pour sa part, Nadia Yassine, pour l'association Al-Adl wal-Ihsane, l'autre grande tendance de l'islamisme marocain reconnu ou toléré. Du côté des féministes, on se réjouit surtout que la femme soit enfin l'égale de l'homme. «C'est la première fois qu'est proclamée au Maroc l'égalité de l'homme et de la femme. La famille n'est plus fondée sur un rapport de force, mais sur l'amour», déclarait ainsi Nouzha Skalli, présidente du groupe parlementaire du Parti populaire socialiste (PPS). «Il s'agit d'une réforme globale qui touche à la philosophie à travers la reconnaissance du principe d'égalité au sein de la famille», analyse, de son côté, Latifa Jbadi, présidente de l'Union de l'action féminine. Cette association féministe aurait souhaité que le nouveau texte aille encore un peu plus loin sur certains points, comme la répudiation ou la polygamie. Mais pour Latifa Jbadi la méthode, fondée sur l'ijtihad, était la bonne. «Prouver que l'islam n'est pas contre le principe d'égalité est, dit-elle, une démarche positive. Pour le Maroc, et aussi, espérons-le, pour le reste des pays arabes». Il faut dire que jusqu'ici seules, dans le monde arabe, les Tunisiennes bénéficiaient de tels droits, grâce à un Code du statut personnel qui remonte à 1956. L'opinion marocaine paraît avoir bien accueilli cette réforme de la Moudawana. Les deux tiers des Marocains (64,7%) y seraient favorables, selon un sondage publié par le quotidien L'Economiste. Même si, dans les mosquées les plus radicales, on accuse le roi d'avoir agi sous la pression de l'Occident, voire dans le dessein d'obtenir pour le Maroc, en 2010, l?organisation de la Coupe du monde de football... Il faudra néanmoins du temps pour que les mentalités, dans cette société profondément patriarcale, s'adaptent. «Les hommes rouspètent, ils disent que les femmes ont trop de pouvoir», constate le politologue et chroniqueur Driss Chraïbi. D'autres, ces dernières semaines, tentaient de faire, de justesse, enregistrer leur divorce avant le vote du nouveau Code...