La création d'un nouveau parti, conduit par un ami du roi, provoque l'irritation de la classe partisane traditionnelle marocaine. Mohamed VI veut arracher les mises de 2009 et 2012. L'annonce a été faite par Mohammed VI lui-même lors de son discours sur l'état du royaume. Dans la foulée de son discours, le roi du Maroc, qui boucle neuf années de pouvoir, devait interpeller les partis politiques marocains pour qu'ils procèdent à leur mutation et à se fédérer en “pôles homogènes” afin de rendre l'échiquier politique marocain “plus rationnel”. En réalité, le monarque chérifien apportait sa caution au tout nouveau parti, dont la naissance a été annoncée par la presse marocaine la veille du discours du trône. Et ce nouveau venu dans le patchwork partisan marocain est dirigé par un ami de collège du souverain, Fouad Ali El-Himma, qui appartient au cercle restreint de ses sherpas et hommes de la décision. El-Himma devait, à la surprise de la classe politique marocaine, abandonner l'année dernière ses fonctions de ministre délégué à l'Intérieur, un poste de premier plan où se croisent et se coordonnent services de sécurité, services spéciaux et renseignement. Pour entamer sa nouvelle carrière dans l'arène politique, au cœur de la classe politique. Elu député aux élections législatives de septembre 2007 sous l'étiquette d'indépendant, puis président de la Commission des affaires étrangères du Parlement, “l'ami du roi”, comme on l'appelle à Rabat, est de fait missionné par le roi pour créer le futur grand parti du Maroc. Il a approché cinq petits partis politiques d'accord pour être absorbés sous une bannière “centriste” et “libérale” et se mettre sous la coupe d'El-Himma qui doit préparer les futurs rendez-vous électoraux : les municipales de 2009 et les législatives de 2012. Evidemment, l'arrivée de ce parti royal bouscule l'ordre établi marocain et les partis politiques traditionnels ruent dans les brancards, d'autant qu'ils ne pourront pas grand-chose face au desiderata du roi et aux manœuvres d'un El-Himma, son fidèle parmi les fidèles. L'ami de collège s'en défend et insiste sur l'objectif de son parti en gestation qui est, selon lui, “de combattre les islamistes”, notamment ceux du Parti de la justice et du développement (PJD). Une formation légale et assez populaire, qui donne des sueurs froides au palais et au Makhzen d'une façon générale. Le PJD est la deuxième formation au Parlement en termes de sièges, mais la première dans le royaume en nombre de voix et il vient de se doter d'un nouveau chef, Abdelilah Benkirane, qui rêve de devenir l'AKP (parti islamiste au pouvoir en Turquie) au Maroc. Pour Benkirane, le parti d'El-Himma ne sera qu'“un ramassis de gens qui veulent se faire une place au soleil”. Le Premier ministre, Abbas Al-Fassi, issu du vieux parti de l'Istiqlal, ne cache plus son inquiétude alors que l'Union socialiste des forces populaires (USFP) ne se remet pas de sa défaite de septembre 2007. Ce parti emblématique de la scène marocaine n'a pas encore réussi à désigner son prochain premier secrétaire ! Dans ce contexte, le roi et El-Himma ont, à l'évidence, les coudées franches pour lancer leur parti et en faire la première force. D. B.