Le Palais royal se tient le ventre. Une victoire des islamistes aux législatives de demain et l'immense et généreuse sollicitude occidentale foutra le camp. Combien de sièges arrachera le PJD dont le secrétaire général, Saad Eddine Othmani, se défend d'être un intégriste et se dit démocrate ? Quatre-vingt au moins, selon des estimations, la majorité absolue. Le PJD a fait une campagne tonitruante, réfutant officiellement l'extrémisme mais misant sur l'espoir que la religion offre aux plus démunis qui n'ont plus confiance dans les institutions et les partis politiques traditionnels. Othmani ne cache pas sa détermination de faire de son parti la première force politique du Maroc lors des élections de demain. Les sondages créditent sa victoire, le plaçant en tête devant le parti nationaliste de l'Istiqlal et les socialistes de l'USFP. Pour ne pas effaroucher les milieux modernistes de son pays et les alliés occidentaux du Maroc, le patron du parti islamiste répète à satiété que le PJD est un parti à référentiel islamique et non un parti islamiste, faisant de la lutte contre la corruption son principal thème de campagne. Si le Maroc pointe au 123e rang des nations en termes de développement humain, c'est à cause de sa mauvaise gouvernance et nous voulons mieux répartir les richesses. 40 % d'entre elles sont accaparées par 1 % de la population, telle a été la matrice de sa campagne truffée de morale religieuse. Othmani estime passer à 42 députés. Le scrutin proportionnel par listes au plus fort favorise l'émiettement et aucune formation ne peut obtenir la majorité absolue. Pour faire partie du gouvernement, le PJD doit être coopté par les autres partis, mais ces derniers ont déjà annoncé vouloir reconduire leur alliance sans les islamistes. L'Union socialiste des forces populaires (USFP), un des principaux partis du Maroc, assure ne pas être usé par neuf ans de pouvoir et espère même améliorer son score lors des législatives du 7 septembre ! L'USFP, qui s'était classée en tête en 2002 avec 50 députés, caresse l'espoir de refaire son coup et se dit prête à gouverner avec ses deux alliés, l'Istiqlal et le Parti du progrès et du socialisme. Fondé par le célèbre opposant Mehdi Ben Barka, l'USFP devait perde son crédit après avoir été récupéré par Hassan II en 1998. L'organisation islamiste marocaine la plus influente, Al Adl Wal Ihssane (Justice et bienfaisance), appelle elle ses sympathisants à ne pas participer aux législatives qu'elle juge inutiles. Comme les précédentes, ces élections ne peuvent donner lieu ni à un Parlement crédible avec de véritables prérogatives ni à un gouvernement qui gouverne et qui applique son programme, a déclaré son porte-parole interdisant à ses militants et sympathisants de voter même pour le PJD. Al Adl Wal Ihssane, organisation tolérée sans jamais être reconnue par les autorités, est dirigée par la fille de cheikh Abdessalam Yassine, qui a appartenu à une confrérie soufie et fut un ancien opposant au régime du roi Hassan II. Elle appelle à un Etat et une société islamiques basés sur le Coran et la sunna. D. Bouatta