Résumé de la 2e partie Malgré les soupçons de tous et les accusations de sa belle-mère, Saïd persiste à clamer son innocence. Et Hlima s?apaise et va s?asseoir sur un petit banc, face à Saïd qui, affalé sur une vieille chaise, se tient la tête dans les mains. La jeune femme continue d?amadouer Hlima par des paroles qui lui vont droit au c?ur. ? Yemma ! Saïd est venu jurer sur le Coran que ce n?est pas lui?. Il est très affecté par la mort de son père, et il n?a pas dormi de la nuit? Il a pleuré et il a regretté de n?avoir pas obtenu le pardon de Sidi Tahar, que Dieu ait son âme ! Puis elle lui ajuste ses deux foulards sur la tête aux cheveux teints au henné et lui essuie ses larmes. ? Je jure par Dieu que je n?y suis pour rien, Yemma ! dit soudain Saïd en relevant son visage plein de larmes. Et je jurerai tout à l?heure sur le Coran, devant la djemaâ. Hlima, l?air grave, le regarde un long moment et répond : ? Si ce n?est pas toi, Saïd, qui cela peut-il être ? Mais, ajoute-t-elle en fixant le sol d?un air rêveur, les gendarmes vont bien le découvrir ! Saïd ne répond pas tout de suite et la regarde sans sourciller... ? La vérité finira toujours par triompher? Tu crois que je n?ai pas pleuré le vieux, que je n?ai rien éprouvé ? Tu te trompes ! Il ne m?aimait pas, il avait tout donné à Omar et Moncef, mes demi-frères, mais c?était quand même mon père, Yemma ! Mon sang ! Et Saïd se lève brusquement et sort de la cuisine. Un silence suit les déclarations du jeune homme et les deux femmes semblent méditer un moment, avant que Hlima ne marmonne entre ses dents : ? Quand il jurera sur le Coran devant la djemaâ, alors seulement, pour moi, il sera lavé de tout soupçon. ? Yedrab limin, yemma ! dit sa bru. Saïd est prêt à tout pour que tu le croies ! Et le vendredi suivant après la prière, la djemaâ, se réunit sur la grande place du village et Saïd jure son innocence, la main droite sur le livre sacré. Mais, malgré cela, les soupçons qui pèsent sur lui ne seront jamais complètement levés. Et pendant des années, quand on parle de lui dans toute la contrée, on l?appelle «Saïd, qatel bebeh !». L?enquête, faute de preuves, tourne court et petit à petit les villageois oublient cette histoire. Seul le sobriquet demeure car il a la vie dure, comme tous les sobriquets qui accompagnent parfois les personnes jusqu?à la tombe. Les deux garçons de Saïd sont maintenant des jeunes gens vigoureux, fiers de leur force en bons travailleurs de la terre. Driss surtout, un garçon jovial et simple, mais qui a hérité du caractère rancunier de son père? (à suivre...)