Annonce n Le président de la République a annoncé avant-hier, jeudi, sa candidature à la présidentielle du 9 avril prochain lors d'une cérémonie organisée à la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf à Alger. Une cérémonie à laquelle ont pris part quelque 5 000 personnes parmi lesquelles de nombreux jeunes et femmes. «C'est notre manière d'exprimer notre intérêt pour ces deux franges de la société», expliquera, plus tard, Abdelmalek Sellal, le directeur de campagne du candidat Adelaziz Bouteflika. La Coupole, parée, à l'occasion, de ses plus beaux atours, était déjà pleine à 12h 30. En attendant l'arrivée du Président prévue à 14h 00, les organisateurs ont programmé un documentaire retraçant la carrière politique de Bouteflika et une série de chansons qui ont vite fait de créer une ambiance de fête dans la salle. 14h 15, Saïd, le frère du Président, fait son entrée dans la salle. Debout à l'entrée du tunnel menant aux vestiaires, il discute pendant quelques minutes avec l'un des organisateurs avant de s'éclipser. «Le Président est sans doute arrivé », commente un confrère. A peine a-t-il terminé sa phrase que la foule se lève comme un seul homme pour saluer le chef de l'Etat qui venait de faire son apparition. Vêtu d'un costume gris, il traverse toute la salle pour aller rejoindre la tribune où il allait prononcer son discours. Il est exactement 14h 26. «Bouteflika, Bouteflika, allez, allez, allez », lancent les participants à l'adresse du Président qui leur répond par des gestes de la main et un large sourire. La célèbre chanson de Cheb Mami Bladi Hiya El-Djazaïr diffusée à cet instant précis enflamme davantage la salle. Dans un spectacle à l'américaine, des centaines de pancartes à l'effigie de Bouteflika sont levées en même temps. Cachant mal son émotion, le Président, très en forme, prend la parole à 14h 31 exactement. Spontanément, il révélera une petite entorse au programme élaboré au départ : «Il était prévu que Saïd Abadou, le secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM) me présente». Mais il ne l'a pas fait en fin de compte. La parenthèse fermée, il commence son discours en rappelant les efforts fournis au cours de ses deux mandats pour rétablir la paix et la sécurité dans le pays, mettre fin à l'isolement de l'Algérie sur la scène internationale et relancer l'économie nationale, entre autres. Des efforts qui, dira-t-il, ont fini par porter leurs fruits. Néanmoins, «l'avenir du pays ne saurait dépendre d'un seul homme ni des seules institutions de l'Etat», enchaînera-t-il. La salle retient son souffle. «Est-ce une manière d'annoncer qu'il ne va pas se présenter de nouveau ?», s'interrogent d'aucuns. Bouteflika enfonce le clou en relevant que cet avenir «doit être pris en charge par le peuple lui-même qui doit assurer l'ancrage du pays dans ses valeurs et dans ses choix fondamentaux». Comme pour évacuer leur stress, des femmes assises au milieu de la salle poussent des youyous. Il est 14h 46. Imperturbable, le président de la République poursuit son discours : «J'ai servi mon pays du mieux que j'ai pu». Un homme aux cheveux blancs se lève subitement et crie : «Allah Akbar». Il est 14h 47. Le Président se tait pendant quelques secondes. Le suspense est à son paroxysme dans la salle. «Des quatre coins du pays et de diverses couches de la population, des appels me parviennent me demandant de poursuivre cette mission, reprend Bouteflika. Cet appel m'honore évidemment et si j'en remercie sincèrement tous ceux qui s'y sont associés, je n'en mesure pas moins le poids et la difficulté de ce qui est attendu de moi.» «Chacun comprendra qu'il m'est difficile de rester sourd à un appel aussi pressant car je serais alors en contradiction avec le serment qui m'a définitivement lié aux plus chers de mes compagnons, les glorieux chouhada de la Révolution du 1er Novembre 1954 », ajoute-t-il au grand soulagement des présents. Il est 14h 50. «Ce serait aussi et surtout une attitude moralement pénible pour moi, envers le peuple qui m'a accordé sa confiance et son soutien», poursuit-il. Et de mettre définitivement fin au suspense. «Voilà pourquoi, j'ai décidé, à la Grâce de Dieu, de me présenter à l'élection présidentielle d'avril comme candidat indépendant. Ce faisant, j'aurais personnellement accompli mon devoir moral, laissant ainsi au peuple le soin de rendre souverainement et démocratiquement sa décision». Il est 14h 51. Youyous, cris, clameurs, la Coupole est enfin délivrée… «Faire mieux qu'en 2004» l Le staff de campagne du candidat Bouteflika s'est fixé comme objectif de collecter le maximum de signatures. «Nous comptons faire mieux qu'en 2004», dira son premier responsable, Abdelmalek Sellal. Et de préciser : «Si mes souvenirs sont bons, nous avions récolté 1,2 million de signatures en 2004.» Selon lui, de nombreuses personnes ont sollicité son staff pour lui proposer leurs signatures et ce, «bien avant que le président de la République n'annonce sa candidature pour un troisième mandat». L'opération de collecte des signatures devait commencer hier, vendredi, a-t-il souligné. Interrogé sur la composante de son staff, M. Sellal répondra en affirmant que les trois partis composant l'Alliance présidentielle y sont représentés. «Il y aussi Hamraoui Habib Chawki et Amara Benyounès», ajoutera-t-il.