Intrigue n Dans la société québécoise, c'est la consternation : non seulement on a un prêtre criminel, mais, de plus, c'est un prêtre fratricide ! Cette série sur l'histoire de la balistique serait incomplète si on n'évoquait pas la célèbre affaire Delorme. Adélard Delorme est prêtre de l'église catholique de Montréal : c'est dire qu'il appartenait à une société fermée qui avait un certain poids à l'époque des faits (1922). Au quartier de Snowdon où la famille Delorme résidait, on découvre, le 7 janvier 1922, le cadavre de Raoul Delorme, avec deux balles dans la tête. Raoul est un homme paisible et son assassinat bouleverse le quartier. On ne comprend pas ce qui se passe, puis le comportement bizarre du frère de la victime, l'abbé Delorme, intrigue les enquêteurs. On l'interroge et l'abbé reconnaît qu'il était en conflit avec son frère. — vous ne l'auriez pas supprimé ? Le prêtre ne dit rien. On l'incarcère aussitôt. Dans la société québécoise, c'est la consternation : non seulement on a un prêtre criminel, mais de plus, c'est un prêtre fratricide ! — c'est inimaginable ! — si Delorme est coupable, il a dû agir sous l'emprise de la folie ! Des proches suggèrent la thèse de la folie à l'avocat de Delorme. Celui-ci va l'utiliser durant le procès et, les experts désignés par la cour, concluent à la démence. «Delorme est fou, on ne peut le tenir pour responsable de ses actes !» Les magistrats déclarent donc l'inaptitude du prêtre à subir son procès. Il est condamné à l'internement dans un hôpital psychiatrique, l'hôpital Saint-Michel-Archange. Cependant, au cours du procès comme dans l'asile, Delorme ne fait pas preuve de folie. Au contraire, il se montre très calme et peut même se livrer à des prêches religieux. Les infirmiers en parlent au docteur Brochu, surintendant médical de l'hôpital Saint-Michel-Archange. Celui-ci lui fait subir une série de tests et conclut que Delorme est sain d'esprit. «On ne peut vous garder dans cet hôpital !» Il fait un rapport à la justice et, expertises à l'appui, il conclut que Delorme ne présente aucun signe de démence. «Nous ne pensons pas que le maintien de monsieur Delorme dans une unité de soin soit nécessaire.» Si Delorme n'est pas fou, cela signifie qu'on s'est empressé de se débarrasser de son procès. La justice, au risque de se désavouer, doit donc réactiver son dossier et recommencer son procès. Cette fois-ci, l'enquête est confiée à un détective, Georges Farah-Lajoie qui, pour prouver la culpabilité de l'accusé, va user d'un procédé inattendu. Il fait réaliser la maquette démontable qui reproduit pièce par pièce la maison de Delorme pour donner, aux jurés, une vue complète des lieux où le meurtre a été commis. — vous reconnaissez votre maison et ses pièces ? demande-t-il au prêtre. — oui, dit Delorme. — voila la pièce où vous avez commis le meurtre ! (à suivre...)