Rencontre n Profitant de la trêve hivernale du championnat libyen, Noureddine Saâdi, l'entraîneur du club populaire du Ahly Tripoli, est de retour chez lui. Il avait hâte de replonger dans l'ambiance familiale et retrouver un peu ses amis car, comme il le dit si bien, «ce n'est pas à mon âge qu'on émigre, mais que voulez-vous c'est notre métier qui le veut surtout que chez nous nous n'avons plus, apparemment, notre place». Après avoir vécu plusieurs saisons difficiles avec pratiquement tous les clubs qu'il a eus à entraîner (USM Alger, MC Alger, MO Béjaïa, CS Constantine), malgré les bons résultats et la qualité du travail accompli, Saâdi a répondu l'été dernier à une offre du Ahly Tripoli, un club qui court derrière un titre de champion de Libye depuis dix ans en raison de l'hégémonie de son rival de l'Ittihad, le club cher au fils du président Kadhafi. La mission était donc immense, et c'est le genre de challenge qui excite notre technicien qui se mettra, dès le début du mois d'août, dans le bain pour préparer l'équipe qui devait débuter la compétition au mois d'octobre. Il faut dire que l'absence de plusieurs joueurs internationaux retenus au sein de la sélection et celle de leurs coéquipiers africains n'ont pas été pour faciliter la tâche à Saâdi qui s'est retrouvé avec un effectif réduit, ce qui l'a contraint de dénicher quelques jeunes intéressants. Après un début laborieux ponctué de deux nuls successifs, le Ahly prend les rênes du championnat et impose sa loi jusqu'au fameux derby contre l'Ittihad où l'arbitrage est venu mettre son grain de sel et faire subir la première défaite à son équipe devant près de 80 000 spectateurs enthousiastes et des supporters ravis par le jeu de leur équipe, malgré ce penalty généreusement offert en fin de partie qui n'a fait, en fait, que renforcer les liens entre les joueurs et leurs fans. Après ce faux pas, le Ahly poursuit son bon parcours et termine champion d'automne (avec 11 victoires, 3 nuls et 1 seule défaite) à la différence de buts par rapport à l'Ittihad qui l'a rejoint en nombre de points. Ce retour du rival de toujours n'a pas été apprécié par les supporters qui ont fait subir aux dirigeants une pression terrible au point de pousser le président, le général à la retraite Mesbah, à démissionner de son poste pour avoir été insulté. «Vous savez, cette situation m'a un peu rappelé mes expériences récentes en Algérie, raconte Saâdi.Les gens ont tendance à me juger sur les onze dernières années, mais moi je n'ai rien à voir. D'habitude, l'équipe est à la traîne, alors qu'aujourd'hui c'est nous qui sommes premiers et c'est l'Ittihad qui s'accroche. Sincèrement, les gens oublient vite et n'arrivent pas à faire les bonnes analyses.» Le technicien algérien, qui a vu son adjoint Ouardi partir en cours de route à la JSM Skikda, avoue retrouver un peu l'ambiance du Mouloudia d'Alger avec cette passion débordante et l'affluence populaire qui va avec. Sur ce plan, il n'est pas dépaysé : «Depuis le début de la saison et les ambitions affichées par les dirigeants, nous jouons devant 60 000 spectateurs et dans une ambiance incroyable qui me rappelle le MCA.» Cette expérience libyenne, du moins réussie jusqu'à maintenant, n'a pas laissé indifférents d'autres clubs qui guettent le moindre interstice pour s'attacher, pourquoi pas, les services du «Capello» algérien. Le public, lui, l'a déjà adopté et ne jure que par lui, alors qu'au sein de l'équipe dirigeante, Saâdi s'attend à un changement à la tête du club dès son retour en Libye puisque, à la suite de la fugue de Roger la star camerounaise de l'équipe, le président Mesbah avait mis la clé sous le paillasson et il y a eu l'élection d'un nouveau bureau directeur. «Contre la JSK, ce sera difficile» l Par ailleurs, le hasard du tirage au sort a mis sur le chemin du Ahly en Ligue des champions africaine rien d'autre que la JS Kabylie, une autre vieille connaissance de Noureddine Saâdi. D'ailleurs, certains l'avaient annoncé du côté de Tizi Ouzou jeudi dernier lors de l'affiche de la journée contre l'USM Alger, mais ce dernier n'y était pas et avait suivi tranquillement la rencontre sur le petit écran. Quel était son sentiment au vu de la prestation du prochain adversaire de son équipe ? Il dira : «Sur ce que j'ai vu, je vous avoue que la double confrontation contre la JSK sera très difficile, même si le match retour se déroulera en Libye. Par rapport au début de saison, les Canaris jouent mieux et montent en puissance et devant l'USMA il ne leur manquait qu'un petit brin d'efficacité pour l'emporter. En tous les cas, je le répète : contre la JSK ce sera très difficile, d'autant que cinq de mes joueurs (Ahmed Saâd, Oussama Fezzani, Oualid Sbahi, Daoud Omar et Nader Kara) seront absents pour un stage avec l'équipe nationale en prévision de la CHAN-2009 qui débute aujourd'hui en Côte d'Ivoire. Le match contre la JSK, lui, devrait se dérouler le vendredi 13 mars à Tizi Ouzou, soit six jours après la reprise du championnat. D'ici à là, Saâdi voudrait bien récupérer ses joueurs pour donner la réplique à la JSK sur laquelle il a déjà sa petite idée pour la contrer.