Un chasseur avait une femme qui ne l'aimait guère. Un jour où il rentrait chez lui en longeant le fleuve, il aperçut un rat. Comme il était bredouille, il décida de le poursuivre. Il eut vite fait de l'attraper. — Epargne-moi, supplia le rongeur. Tu verras que tu n'auras pas à le regretter. Et le chasseur l'emporta sans le tuer. Un peu plus loin, il trouva une tortue. — Ne me tue pas, dit-elle, car je peux te rendre de grands services. Et l'homme l'emporta sans la tuer. Il prit ensuite une tourterelle. — Laisse-moi la vie sauve, dit l'oiseau, et je te révélerai le secret de certaines plantes. Et le chasseur l'emporta sans la tuer. Il arriva chez lui au crépuscule. Il entra dans sa case, bien décidé à en savoir plus sur les promesses faites par les animaux qu'il rapportait. — Je vous ai laissés en vie, leur dit-il. Que m'offrez-vous en échange ? — Je te montrerai comment t'introduire dans la maison de ton choix, sans que nul ne te voie, déclara le rat. — Je transporterai sur ma carapace toutes les charges que tu voudras, poursuivit la tortue. — Quant à moi, dit la tourterelle, je te donnerai plusieurs plantes qui guérissent les piqûres de scorpion ou de serpent. La nuit même, le chasseur décida de s'introduire dans le palais du roi. Grâce au rat, il y parvint sans aucune difficulté. Il prit une grosse partie du trésor royal qu'il chargea sur la carapace de la tortue. Et celle-ci transporta tout jusqu'à sa case. Le lendemain, le chasseur organisa une grande fête à laquelle il convia tous les habitants de son village. Comme sa femme insistait pour savoir d'où provenait cette soudaine richesse, il finit par lui en révéler l'origine. Elle informa le roi. Celui-ci envoya immédiatement ses soldats pour arrêter le chasseur qui fut roué de coups et jeté en prison. Or, quelques jours plus tard, un scorpion piqua une des femmes du roi. Elle eut une forte fièvre contre laquelle les remèdes des médecins et des guérisseurs se révélèrent impuissants. Lorsqu'il apprit la nouvelle, le chasseur déclara à ses geôliers qu'il possédait le moyen de la guérir. Il fut conduit devant le roi. Bien qu'il doutât des talents du chasseur en matière de médecine, celui-ci décida de l'interroger. — Connais-tu vraiment un remède qui guérisse les piqûres de scorpion ? demanda le souverain. Oui, répondit le chasseur. — Quel est ce remède ? — Pour le préparer, j'ai besoin de la cervelle d'une dénonciatrice. Les soldats du roi allèrent chercher la femme du chasseur qui fut rapidement décapitée. Le chasseur demanda ensuite à s'isoler pour préparer le remède. Dès qu'il fut seul, il appela la tourterelle. — J'ai besoin des plantes que tu m'as promises, lui dit-il. — Oui, répondit l'oiseau. La tourterelle vola à tire-d'aile et rapporta rapidement plusieurs plantes. Le chasseur fit bouillir de l'eau, y jeta les plantes qu'il laissa infuser quelques minutes. La femme du roi but la décoction et elle fut guérie. Le souverain intégra alors le chasseur à l'équipe des médecins du palais. La légende dit que, dans ce royaume, nul ne revint jamais dénoncer au roi qui que ce fût.