Evidence n Il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour comprendre que la Turquie n'entrera jamais dans l'Union européenne. Sauf miracle ! Quelles que soient son ouverture démocratique et la qualité des réformes qu'elle a engagées, elle est condamnée à poireauter au seuil de la porte jusqu'à l'éternité. Tout le monde l'aura compris, l'entrée de la Turquie au sein de l'Union européenne, c'est d'abord 80 millions de musulmans qui viendront s'intégrer à un espace judéo-chrétien de 500 millions d'individus. Pis, l'Union aura plus d'une frontière commune avec l'Orient, éventualité à laquelle il vaut mieux ne pas penser. Par le biais de Sarkozy qui rajoutera une couche, la France sera la championne du refus de l'adhésion turque et fera même du forcing pour maintenir Ankara à distance. Alors ministre de l'Intérieur et des Cultes, Sarkozy qu'on ne peut accuser d'islamophilie, est allé plus loin dans sa guerre des banlieues, c'est-à-dire des mosquées, d'immeubles qu'il a toujours soupçonnés de former des terroristes. Il a exigé que les prêches du vendredi se fassent dorénavant en français et non dans la langue originelle du Coran. Comment peut-on demander à des imams qui n'ont qu'une idée approximative de la langue française, qu'ils parlent très mal du reste, de rendre lisibles dans cette même langue toutes les nuances philosophiques et spirituelles du Saint Livre à des fidèles qui ont toutes les difficultés du monde à comprendre le français de tous les jours ? Alors que, depuis la promulgation du décret Crémieux, les israélites sont intégrés et considérés comme des citoyens français à part entière et pouvaient porter librement leur kippa, voilà que le foulard porté par des jeunes musulmanes au lycée déchaîne le tollé, voire une hystérie générale à travers la France qui croit que sa laïcité est menacée. Les journaux s'indignent, les parlementaires crient au scandale. L'affaire est portée au plus haut niveau. A la télé, on s'épuise dans d'interminables débats. C'est l'enlèvement à Bagdad de la journaliste Aubenas et l'immense marche à Paris des musulmans, qui réclament sa libération, qui mettront fin à la querelle. Les musulmanes de France ont démontré par ce gigantesque regroupement qu'elles étaient d'abord des citoyennes françaises avec ou sans foulard. Cette magistrale leçon de civisme n'arrêtera pas pour autant les détracteurs de l'Islam du moins ceux qui veulent instaurer en France un islam à la française conforme aux lois de la République, c'est-à-dire expurgé des règles célestes de la charia. Même les couples musulmans ne seront pas épargnés quand ils veulent régler un problème de couple à la manière de chez nous. A vouloir régenter à tout prix la vie des musulmans, on finit par se couvrir de ridicule.