Campagne n La haine de l'islam est souvent verbale et les plateaux des télés françaises, toutes chaînes confondues, n'ont jamais répété que le même discours jusqu'au bourrage de crâne. Acerbe, caustique, méprisant. Quant aux reportages réalisés en terre d'islam et auxquels nous sommes régulièrement conviés, ils sont tellement orientés que le parti pris en devient indécent. Le dernier en date sur la Somalie, diffusé il y a plus d'un an, montrait un pays en faillite aux mains de coupeurs de gorges et de mollahs à la barbe rousse, une capitale détruite brique par brique, pierre par pierre, des prisons surpeuplées où des enfants en rupture d'école côtoient des assassins et des vendeurs de drogue. Tout ce bon monde doit ce désastre à cette religion. Et pour bien enfoncer le clou, la caméra insistera lourdement sur la nonchalante oisiveté des religieux qui ont confisqué un pays aujourd'hui livré au pillage. Quant aux rares documentaires sur l'Irak, la scène et le décor sont toujours les mêmes : des quartiers chiites à feu et à sang, des bombes télécommandées qui explosent au passage d'un convoi américain, des maisons dynamitées, des prisonniers décapités à coups de sabre sur vidéo en vente libre, des gardes du corps s'agitant dans les décombres à la recherche d'un bras ou d'une tête en attendant de trouver le tronc. Et pour les « invités » de marque que l'on aligne sur le plateau, leur «compétence» sur l'Islam est souvent fonction de leur ancrage politique et de leur culture judéo-chrétienne. Prenons l'exemple du philosophe Bernard Henri-Levy que les studios s'arrachent à prix d'or et qui est en passe de devenir une référence en matière de droits de l'homme. Comme son nom le suggère, Bernard Henri-Levy aime Israël –et il ne s'en cache pas –, mais très peu les Palestiniens sauf les modérés, c'est-à-dire ceux qui se contentent d'une tente et d'un jerrycan d'eau dans les camps éloignés de Jordanie ; il est de cœur avec Ingrid Betancourt, la famille Rotschild, Simone Veil et la gauche plurielle, n'éprouve aucune sympathie particulière pour Saddam, Hamas, les princes du Golfe ou l'Afrique du Nord. Il était donc normal qu'avec une telle disposition d'esprit, le monde musulman et, par conséquence l'Islam, ne trouvent aucun intérêt à ses yeux. Sauf quand ils menacent la paix et la stabilité dans le monde. Et BHL est intimement convaincu que c'est le cas aujourd'hui. C'est pourquoi son discours à l'adresse des musulmans comme celui du directeur de Charlie Hebdo qui avait publié les caricatures offensantes au Prophète (QSSSL), d'ailleurs, reste un tissu de mensonges et de négations à la limite de l'insulte. Ce qui fera sensiblement augmenter l'audimat quitte à leurrer tous les téléspectateurs. Un «poulain» de BHL pétri de la même pâte, un certain Zemmour commence, lui aussi, depuis quelques mois, à mâcher du musulman dans les studios de France Télévisions avec apparemment le même état d'esprit que son mentor, et naturellement le même verbe cassant à la bouche.