«Qui a peur du dossier du vieux bâti, de sa réhabilitation, de sa restauration ?» Cette interrogation émane de Abdelhamid Boudaoued, président du Collège national des experts architectes, qui ne comprend pas, lui pas plus que d'autres spécialistes du domaine, que l'Algérie vit encore sous la menace de ce danger alors que la sonnette d'alarme a été maintes fois tirée et des fonds débloqués. L'épineux dossier du vieux bâti que recèlent de nombreuses wilayas du pays, particulièrement la capitale, a été le thème d'un débat entre spécialistes hier au centre de presse d'El-Moudjahid. Les participants ont été unanimes sur la gravité de ce problème et l'urgence de sa prise en charge à travers une stratégie nationale pour y remédier définitivement. Cela nécessite l'implication des parties en charge du dossier de l'habitat notamment l'Etat et ses organismes, les entreprises privées de construction et les citoyens (locataires, colocataires et propriétaires des bâtiments). Abdelhamid Boudaoued, président du Collège national des experts architectes, s'est étalé sur les tenants et les aboutissants de ce problème. «Qui a peur du dossier du vieux bâti, de sa réhabilitation, de sa restauration et de la location immobilière ?», s'est-il interrogé. Selon lui, le parc immobilier national, qui était jusqu'en 1982 évalué à plus de trois millions de logements, n'a pas été entretenu. Ce qui a accéléré la vétusté des bâtiments. Il s'est interrogé sur l'absence d'une action visant la réhabilitation du patrimoine immobilier malgré son danger imminent et l'existence des moyens humains et financiers pour le faire. Pourtant, les chiffres sont là et la gravité de la situation n'est plus à démontrer. Les chiffres communiqués par le P-DG du Centre de contrôle technique de la construction M. Oukaci, font état de 258 bâtisses menaçant actuellement ruine au niveau de 7 communes d'Alger sur 17 617 diagnostiquées. Et 11 670 logements, classés en troisième catégorie, risquent d'être reclassés à la quatrième catégorie (logement menaçant ruine) s'ils ne sont pas réhabilités dans l'immédiat. «Mais ces chiffres restent provisoires», précise M. Oukaci en mettant à l'index l'absence d'entretien dans les bâtiments. Le vieillissement des bâtiments, le taux d'occupation par logement, l'absence d'entretien, l'incivisme des résidents, la pollution ménagère et industrielle, les extensions et surélévations, le trafic routier et les catastrophes naturelles, selon ces spécialistes, sont les principales causes de la dégradation avancée des bâtisses. Cependant, pour régler le problème du vieux bâti, M. Boudaoued a appelé à la création de l'Agence nationale de réhabilitation, la mise en œuvre d'une stratégie nationale de réhabilitation, la promulgation d'une loi obligeant les propriétaires des bâtiments à disposer d'un carnet de santé de leurs biens et imposer un cahier des charges aux entreprises du bâtiment. M. Boubekeur, spécialiste dans la prévention des risques, a, quant à lui, relevé l'urgence de s'occuper des bâtiments dits stratégiques, comme les administrations centrales, les hôpitaux, les centraux téléphoniques, etc, qui sont, à ses yeux, les plus importants. Où sont passés les maires ? n Les présidents d'APC, invités à participer au débat sur le vieux bâti organisé hier au centre de presse d'El-Moudjahid, étaient portés aux abonnés absents. Pourtant, selon les participants à cette rencontre notamment Abdelhamid Boudaoued, les maires sont les premiers responsables devant s'impliquer pour régler le problème du vieux bâti. «Pourquoi les maires ne sont pas encore réunis pour déterminer leurs besoins en matière de réhabilitation du vieux bâti et mettre en œuvre une stratégie ?», s'est-il interrogé en regrettant leur absence dans une aussi importante rencontre.