Résumé de la 16e partie n Mr Meadowes et le major Bletchley échangent quelques mots sur l'avant-petit-déjeuner et leur mauvaise humeur matinale... Il gloussa : — Méfiez-vous, mon vieux. Elle est veuve, vous savez. — Ah ?... Le major, en joie, planta son poing dans les côtes de Tommy. — Et les veuves, on connaît ça ! Celle-là a déjà enterré deux maris et, si vous voulez mon avis, elle cherche à mettre le grappin sur le numéro trois. Ouvrez l'œil, et le bon, Meadowes ! Ouvrez l'œil ! Croyez-m'en sur parole L'humeur soudain au beau fixe, le major fit demi-tour et s'élança d'un bon pas vers le petit-déjeuner qui l'attendait à Sans Souci. De son côté, Tuppence avait continué de sillonner le front de mer, ce qui l'avait amenée à passer devant l'abri à côté duquel discutaient les deux jeunes gens. Au passage, elle saisit quelques mots. C'était la fille qui parlait : — Il faut pourtant que vous soyez très prudent, Karl. Au moindre soupçon... Tuppence perdit la suite. Significatif, ce qu'elle venait d'entendre ? Oui, mais susceptible de toutes sortes d'interprétations parfaitement banales. Mine de rien, elle revint sur ses pas et, de nouveau, cueillit une phrase au vol : — Ces fichus Anglais, tellement imbus d'eux-mêmes... Mrs Blenkensop haussa à peine les sourcils. Karl von Deinim, réfugié, fuyant la persécution nazie, avait trouvé asile et protection en Angleterre. De sa part, ce n'était faire preuve ni de sagesse ni de gratitude que de prêter une oreille complaisante à de tels propos... De nouveau, Tuppence fit demi-tour. Mais cette fois, avant qu'elle n'ait pu arriver jusqu'à l'abri, le couple s'était séparé brusquement. La jeune fille s'éloignait du front de mer, tandis que Karl von Deinim venait à la rencontre de Tuppence. Sans doute ne l'aurait-il pas reconnue si elle n'avait marqué une seconde d'hésitation. Mais, talons joints, il s'inclina. — Bonjour Mr von Deinim, n'est-ce pas ? gazouilla Tuppence. Quelle belle matinée ! — C'est vrai. Il fait très beau. — Impossible de résister à la tentation, continua Tuppence. Je ne sors pas souvent avant le petit-déjeuner. Mais ce matin... Surtout quand on n'a pas très bien dormi... On ne dort jamais très bien dans un endroit nouveau, je trouve... Il faut un jour ou deux pour s'habituer, c'est ce que je dis toujours. — Oui, c'est probablement exact. — Mais je dois avouer que cette promenade matinale m'a ouvert l'appétit. — Vous retournez à Sans Souci ? Si vous le permettez, je marcherai à vos côtés. Sérieux comme un pape, Karl von Deinim emboîta le pas à Tuppence qui demanda : — Vous aussi, vous êtes sorti pour vous ouvrir l'appétit ? Il secoua la tête non sans solennité. — Oh ! non. Mon petit-déjeuner déjà j'ai pris. A mon travail je vais maintenant. — Votre travail ? — Je suis chercheur en chimie. «Tiens, tiens !» pensa Tuppence en lui lançant un coup d'œil en coin. (à suivre...)