Résumé de la 15e partie n Tommy et Tuppence partent chacun de son côté, non sans avoir, d'abord, remarqué Karl Von Deinim en conversation avec une jeune inconnue... Mr Meadowes hasarda que les choses, hélas, n'étaient plus ce qu'elles avaient été. — Tout ça, c'est la faute à la démocratie, trancha le major d'un air écœuré. Il ne faut jamais exagérer. Et, à mon avis, dans le genre démocratique, on en rajoute. On mélange les officiers et la piétaille – ils mangent dans les mêmes cantines... Bon Dieu de bois !... Les hommes n'aiment pas ça, Meadowes. Vous savez, la troupe ne se trompe pas sur ces trucs-là. La troupe ne se trompe jamais sur ces trucs-là. — Bien sûr, approuva Mr Meadowes. Naturellement, je n'ai pas une connaissance approfondie de la chose militaire, mais... — Vous étiez dans le coup, en 14 ? interrompit le major en lui lançant un coup d'œil acéré. — Oh, que oui ! — C'est bien ce que je pensais. Tout de suite, j'ai vu que vous aviez l'allure d'un homme qui est passé au tourniquet. A vos épaules... Quel régiment ? — Le 5e Corfeshire, répondit Tommy, appelant à la rescousse les états de service de Mr Meadowes. — Ah ! oui, Salonique ! — Oui. — Moi, j'étais en Méso. Le major Bletchley se laissa aller à ses souvenirs de campagne. Tommy l'écouta poliment. — Et maintenant, conclut le major aigrement, vous pensez qu'ils trouveraient à m'utiliser ? Pas question. Trop vieux. Trop vieux mes bottes, oui ! Je pourrais encore leur apprendre deux ou trois trucs sur la guerre, à ces godelureaux !... — Ne serait-ce que ce qu'il vaut mieux éviter de faire, par exemple, suggéra Tommy avec un sourire. — Eh, ça veut dire quoi, ça ? D'évidence, le sens de l'humour n'était pas la qualité première du major, qui jeta sur son compagnon un regard méfiant. Tommy se hâta de changer de sujet : — Qu'est-ce que vous pensez de cette Mrs... Blenkensop, je crois qu'elle s'appelle ? — C'est ça, Blenkensop. Pas désagréable à regarder... mais la langue un peu trop bien pendue – un vrai moulin à paroles. Gentille, mais le genre tête de linotte... Non pas que je la connaisse bien, remarquez. Il n'y a que quelques jours qu'elle est à Sans Souci. Mais pourquoi cette question ? — Je viens juste de la croiser, expliqua Tommy. Et je me demandais si elle sortait toujours aussi tôt le matin. — Franchement, je n'en sais rien. En général, les femmes ne sont guère portées à se promener avant le petit déjeuner... Dieu soit loué ! — Amen !... J'avoue que, moi, de mon côté, c'est aux politesses que je ne suis guère porté avant le petit déjeuner. J'espère que je ne me suis pas conduit comme un goujat avec cette bonne femme, mais je voulais vraiment prendre de l'exercice. Le major Bletchley manifesta aussitôt sa solidarité : — Je suis comme vous, mon cher Meadowes. Je suis comme vous ! Les femmes sont partout à leur place – mais pas avant le petit déjeuner ! (à suivre...)