Résumé de la 23e partie n Le désaccord de son épouse quant à la puissance allemande et la durée de la guerre provoque la colère de Mr Cayley... Le cours de ses récriminations mentales s'arrêta d'un coup. Elle avait perçu une ombre. Quelqu'un s'était interposé dans les rayons du soleil. Elle se retourna. Dressée au beau milieu de la terrasse, Mrs Perenna toisait le petit groupe de ses pensionnaires. Et, dans ses yeux, on pouvait lire.., était-ce du dédain ? Non, il s'agissait en fait de mépris écrasant. «Il faut que je m'occupe de Mrs Perenna», se dit Tuppence. Tommy s'ingéniait à nouer avec le major Bletchley des rapports de confiante amitié. — Vous n'auriez pas apporté quelques-uns de vos clubs de golf avec vous, Meadowes ? Tommy avoua qu'effectivement... — Je le savais ! Autant vous dire que rien ne m'échappe ! exulta le major. Formidable ! Il faut que nous fassions un parcours ensemble. Vous avez déjà joué ici ? Tommy répondit par la négative. — Le terrain n'est pas mal – pas mal du tout. Ça manque un peu d'ampleur, peut-être, mais la vue sur la mer est superbe. Par-dessus le marché, il n'y a jamais beaucoup de monde. Mais dites-moi, qu'est-ce que vous diriez de m'accompagner ce matin ? Nous pourrions faire une partie. — C'est trop gentil. Ça me tente beaucoup. — Je dois avouer que je suis heureux de votre arrivée, remarqua un peu plus tard le major alors qu'ils escaladaient tous deux le coteau. Trop de bonnes femmes dans le secteur. Ça finit par vous taper sur le système. Je suis content d'avoir près de moi un autre type pour garder mon équilibre. Je ne parle pas de Cayley – ce n'est pas un homme, c'est une pharmacie ambulante. Incapable de parler d'autre chose que de sa santé, des traitements qu'il a essayés et des médicaments qu'il ingurgite. S'il balançait toutes ses pilules et qu'il faisait tous les jours une bonne quinzaine de kilomètres à pied, il se porterait mieux, croyez-moi... Non, en fait, le seul congénère de sexe masculin que nous ayons, c'est ce von Deinim. Et, pour dire vrai, Meadowes, ce particulier-là me met mal à l'aise. — Ah bon ? s'enquit Tommy. — Eh oui. D'ailleurs, écoutez bien ce que je vous dis : ces histoires de réfugiés, c'est dangereux. Si ça ne tenait qu'à moi, je vous internerais tout ce joli monde. Sécurité d'abord. — Mesure un peu extrême, peut-être... — Pas du tout. A la guerre comme à la guerre. Et j'ai quelques soupçons au sujet de notre ami Karl. Primo, il n'est pas juif, c'est clair. Et puis il a débarqué ici un mois – un mois jour pour jour, vous vous rendez compte ? – avant le début de la guerre. C'est pas un peu suspect, ça ? — Alors vous pensez que..., hasarda Tommy. — Espionnage. C'est ça, le petit jeu de ce monsieur ! — Mais il ne doit pas y avoir d'installation militaire ou navale importante dans les environs. — Mon vieux, c'est justement ça qui est très fort ! S'il avait atterri quelque part près de Plymouth ou de Portsmouth, on l'aurait tenu à l'œil. (à suivre...)