Réalité n Cette conclusion est le résultat d'une étude basée sur deux enquêtes. L'une auprès des adultes et l'autre auprès des adolescents âgés entre 14 et 17ans. Le Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (Ciddef) a tenté, à travers ce travail, de cerner les opinions des Algériens pour mieux connaître leur degré d'adhésion aux valeurs d'égalité entre hommes et femmes. Les résultats émanant de cette enquête menée au cours de l'année 2008 et rendus publics, hier, dimanche, sont, et c'est le moins qu'on puisse dire, surprenants : ils mettent à nu la régression qu'a connue notre société en l'espace de huit ans. Et ce, en comparaison avec les résultats d'une enquête similaire effectuée en 2000. En effet, cette dernière faisait état d'un pourcentage de population plus favorable aux valeurs égalitaires, soit 27% de la population globale contre 16% en 2008. Autre preuve de ce recul : la population réfractaire ne dépassait pas à l'époque les 10% de la population globale, elle est aujourd'hui de 23%. L'autre fait marquant soulevé par ce travail d'analyse est cette similitude des opinions entre adultes et adolescents sur un nombre de questions communes concernant entre autres : le travail de la femme, sa participation à la vie politique, le partage de l'héritage, le hidjab… Ainsi, la population d'adolescents favorable aux valeurs égalitaires constitue 23% de la population totale des adolescents. Elle est, de ce fait, à peine plus élevée que celle des adultes, soit 19%. Il faut, toutefois, indiquer que l'adhésion à ces valeurs est étroitement liée à l'origine sociale ou à la situation sociale actuelle favorisant tel ou tel modèle de comportement, d'opinion ou d'attitude. Au sein de la population adulte, l'enquête a fait ressortir trois principaux facteurs jouant le rôle le plus déterminant dans le façonnement des positions. Mais aussi dans le niveau d'adhésion à ces valeurs d'égalité entre l'homme et la femme. Il s'agit en premier lieu de la région, suivi loin derrière par le sexe, puis la situation par rapport à l'activité et enfin au niveau d'instruction de l'individu. Même constat chez les adolescents à quelques différences près. La région joue également chez cette catégorie le rôle le plus déterminant ; elle est suivie de loin par le niveau d'instruction des parents, un peu plus celui de la mère que celui du père et enfin le genre (masculin ou féminin). Curieusement, ces facteurs ne figuraient pas en bonne place dans les résultats de l'enquête menée en 2000 où la région venait certes en tête, mais était suivie juste après par le niveau d'instruction, puis de l'âge. Comme conclusion à cette nouvelle et triste réalité Mme Imane Ighilahris une des principales promotrices de cette enquête a affirmé que «les constructions sociales de l'individu agissent moins sur les opinions et les comportements que le phénomène de type collectif avec parfois des enjeux politiques ou culturels liés à des intérêts de groupes d'appartenance à une communauté.»