Escalade n En quelques heures seulement, la Guinée-Bissau a basculé de nouveau dans la violence et l'incertitude avec l'assassinat du Président et du chef d'état-major des forces armées. Tout a commencé, hier soir, vers 20 heures lorsque le chef d'état-major des forces armées, le général Tagmé Na Waié, a été mortellement blessé dans un attentat à la bombe contre le quartier général de l'armée. «Le général était dans son bureau quand la bombe a éclaté. Il a été grièvement atteint et n'a pas survécu à ses blessures», a annoncé son chef de cabinet. La bombe, de «forte puissance» selon des militaires sur place, était placée sous l'escalier menant au bureau du chef d'état-major et la déflagration a provoqué l'effondrement d'une bonne partie de l'édifice principal du QG des forces armées. L'attentat a fait cinq autres blessés, dont deux graves. Le général a été tué en activité, comme l'avait été son prédécesseur, tué par balles par des militaires en octobre 2004. Quelques heures après cet assassinat, le président bissau-guinéen, Joao Bernardo, a été tué à son tour par des militaires en signe de représailles. «Le Président a été tué par l'armée au moment où il tentait de fuir sa maison attaquée par un groupe de militaires proches du chef d'état-major, Tagmé Na Waié, tôt ce matin, vers 4h», a déclaré le responsable des relations extérieures de l'armée. «C'était l'un des principaux responsables de la mort de Tagmé», a accusé ce responsable militaire. Il a ajouté que le Président essayait de s'enfuir quand il a été «fauché par des balles tirées par ces militaires». Joao Bernardo Vieira, dit Nino, 69 ans, a passé quasiment 23 ans à la tête de la Guinée-Bissau. Il avait été réélu à la présidence de ce pays ouest-africain en 2005, neuf ans après la fin de la guerre civile qui l'avait chassé du pouvoir. Ces assassinats surviennent après d'autres actes de violence commis ces quatre derniers mois dans un contexte de profondes divergences entre l'armée, la présidence et le ministère de l'Administration interne. Le 23 novembre, un groupe de militaires avait attaqué, de nuit, la résidence du chef de l'Etat, à Bissau, faisant deux morts au sein de sa garde. Début janvier, le général Na Waié avait affirmé avoir échappé à une tentative d'assassinat. Selon lui, des soldats en faction à la présidence avaient ouvert le feu au passage de sa voiture devant le palais présidentiel.