Après la guerre civile de 1998-1999, qui avait saigné le pays, l'ex-colonie portugaise risque de sombrer à nouveau dans la violence avec ce double meurtre hier du président de la République et du chef de l'état-major de l'armée par des militaires. Les tentatives d'assassinat du président Joao Bernardo Vieira lors d'une attaque nocturne ayant visé sa résidence à Bissau et qui avait fait deux morts au sein de sa garde le 23 novembre dernier, et du chef d'état-major de l'armée, le général Tagmé Na Waié, lequel avait échappé à une tentative d'assassinat, étaient des signes avant-coureurs présageant d'une flambée de violence dans ce pays. Ce qui était redouté a fini par se produire hier avec le double assassinat des deux plus importants personnages de Guinée-Bissau. Un attentat à la bombe perpétré dans la nuit de dimanche à lundi contre le quartier général de l'armée a blessé mortellement le chef d'état-major des forces armées, qui a succombé à ses blessures. Il était dans son bureau quand l'engin explosif a éclaté et l'a grièvement atteint. Ce fut ensuite au tour du président bissau-guinéen, Joao Bernardo Vieira, d'être tué en début de matinée par des militaires. Le responsable des relations extérieures de l'armée, Zamura Induta, a annoncé que “le président Vieira a été tué par l'armée au moment où il tentait de fuir sa maison attaquée par un groupe de militaires proches du chef d'état-major Tagmé Na Waié, tôt ce matin” (lundi, ndlr). Cette attaque qui a également fait cinq autres blessés, dont deux graves, selon diverses sources militaires. D'autres sources militaires accusent le chef de l'Etat d'être à l'origine de la mort du chef d'état-major, dont le prédécesseur, le général Verissimo Correia Seabra, avait connu le même sort en 2004. Il a été alors arrêté par des militaires et criblé de balles dans son bureau en même temps que l'intendant général des armées. Le général Na Waié avait affirmé, en début d'année, avoir échappé à une tentative d'assassinat. Selon lui, des soldats en faction à la présidence avaient ouvert le feu au passage de sa voiture devant le palais présidentiel. Les violences avaient commencé au lendemain de l'annonce des résultats provisoires des élections législatives du 16 novembre 2008, qui avaient donné une large victoire à l'ex-parti unique de Guinée-Bissau, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). Les résultats avaient été vivement contestés par Kumba Yala, élu président en 2000 et renversé en 2003 par l'armée, et chef du Parti de la rénovation sociale qui a obtenu 28 sièges sur 100. Il y a lieu de signaler que ces évènements interviennent en Guinée-Bissau au moment où le nouveau gouvernement issu des dernières législatives, présentait depuis jeudi dernier son programme de politique générale devant l'Assemblée nationale. Le Portugal, ancienne puissance coloniale, a “condamné avec véhémence” les violences, qui ont coûté la vie au président bissau-guinéen et au chef d'état-major de l'armée, et annoncé une “réunion d'urgence” de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP). “C'est la démocratie qu'on assassine”, a déclaré de son côté le secrétaire exécutif de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) Mohamed Ibn Chambas, à l'annonce de la mort du président bissau-guinéen Joao Bernardo Vieira, tué à l'aube par des militaires. “Ce qui s'est passé est très grave. Nous voulons consolider la démocratie, la paix et la sécurité dans cette région (l'Afrique de l'Ouest). Alors la mort d'un président, d'un chef d'état-major, est une nouvelle très grave”, a ajouté M. Chambas. Merzak T. /Agences