Evénement n Elles ont été nombreuses à affluer lundi à la Maison de jeunes de Messelmoun (Gouraya) pour assister à la clôture de l'exposition féminine inaugurée le 26 février. «Elles sont sorties de l'oubli. Finalement, elles ont pu s'exprimer et montrer leur savoir-faire», n'ont cessé de commenter les visiteurs à travers les différents stands du travail artisanal et traditionnel de la femme au foyer de cette commune rurale et pauvre de l'ouest de Tipaza. En effet, beaucoup de talents sont sortis de l'anonymat dans la broderie, la couture, le pain traditionnel, l'art culinaire et les gâteaux dans un décor typiquement amazigh qui révèle la culture de la région. «C'est la 1re fois que la femme a bénéficié d'activités d'une telle ampleur qui ont vu l'implication de la formation professionnelle, de l'APC et des associations locales», nous a déclaré le directeur de la Maison de jeunes Djillali Sid-Ali, qui abrite les expositions. Et d'ajouter : «Celle qui était dans l'oubli a prouvé qu'elle existait et qu'elle peut donner mieux.» L'exposition, organisée par le Centre de la formation professionnelle, la commune et la maison de jeunes de la ville, a enregistré la participation des associations locales (El-Amel, Faracha), l'Unfa et l'Angem. Elle a été marquée par la participation de la femme au foyer de Messelmoun, mais aussi d'autres localités avoisinantes. «Cet échange nous a permis de découvrir d'autres modèles et de dévoiler nos connaissances aux femmes de Messelmoun», nous dit Fatiha de Cherchell qui participe pour la 3e fois à une exposition. «Mon travail de broderie est typiquement traditionnel. J'ai voulu faire revivre le patrimoine ancestral. Les femmes comme moi, n'ont besoin que de soutien et d'aide», a-t-elle repris. Après avoir côtoyé les cadres du dispositif de l'Angem durant toute la durée de l'exposition, les femmes ont appris l'existence de microcrédits et comptent s'installer seules ou activer chez elles. «On voudrait avoir des locaux commerciaux pour vendre nos produits», demande Saliha 30 ans. Hakim, un jeune de la ville, nous a dit : «La femme, de Messelmoun jusqu'à Damous, l'extrême sud de Tipaza, cache des diamants dans ses mains, l'Etat doit savoir exploiter ces richesses, lui donner les moyens et acheter ses produits pour l'encourager, mais tout en la préservant dans son milieu initial et ses traditions rurales.» Saliha et Akila de Messeloum, toutes deux artistes en broderie et couture, estiment que ce type d'espace ne devrait pas être ouvert de façon conjoncturelle. «Et nous voulons de l'aide et de l'appui pour apprendre le métier à d'autres.» L'exposition a coïncidé avec la célébration de la Journée mondiale de la femme et la fête du Mawlid Ennabaoui. A cette occasion, une grande fête au profit des femmes, animée par la chanteuse cherchelloise Meriem et la troupe musicale et théâtrale de la maison de jeunes de Messelmoun a été organisée. n Mme Fatiha Amrani qui a décroché le 1er prix dans le concours de l'art culinaire, organisé en marge de l'exposition, nous a révélé son grand combat pour subvenir aux besoins de sa famille. C'est une mère de 6 enfants dont 3 filles mariées. Cette dame travaille depuis 12 ans dans le cadre du filet social. Elle perçoit 3 000 DA en tant que femme de ménage. «Je n'ai jamais demandé l'aumône pour élever et éduquer mes enfants dont l'un prépare son magistère et l'autre sa licence. Je roule du couscous à base de gland pour le vendre aux magasins afin de subvenir aux besoins de ma famille et de mon mari déficient mental qui ne perçoit aucune pension.»