Enigmatique n La manière avec laquelle la LNF a traité l'affaire ESS-CABBA, en a intrigué plus d'un dans les milieux du football national ! Quarante-huit heures après les «incidents» qui ont entraîné l'annulation de la rencontre derby entre l'ES Sétif et le CA Bordj Bou-Arréridj au stade du 8-Mai-1945, la Ligue nationale de football (LNF) a traité cette affaire avec une rapidité déconcertante ne laissant aucun répit à certains, notamment à la partie bordjie de réagir. Dans son verdict, la Ligue, qui se réfère aux rapports des officiels (arbitre et commissaire du match), donne match perdu par pénalité au CABBA pour attribuer le gain à l'équipe sétifienne qui marque trois points et un score de trois buts avec défalcation d'un point à Bordj plus une amende de 50 000 DA. La main de la LNF a été également lourde à l'encontre du dirigeant Nasri Messaoud qui a écopé de deux ans de suspension et de 40 000 DA d'amende, tout en privant le club des indemnités dues au titre des droits de télévision conformément à l'article 98 alinéa 2 des règlements généraux. Pour rappel, la formation bordjie avait refusé de prendre part à ce match arguant que la délégation a été agressée à son entrée au stade du 8-Mai-1945 et a décidé de rebrousser chemin. Suite à ce verdict, la direction du CABBA a décidé d'introduire un recours auprès de la Fédération algérienne de football (FAF) à la suite des sanctions infligées par la commission de discipline, c'est ce qu'a déclaré le président Salah Bouda : «Nous allons user de notre droit de recours auprès de la Fédération. Nous pensons avoir été lésés par cette décision qui ne sanctionne que le CABBA alors que nous avons été agressés devant les portes du stade du 8-Mai-1945 de Sétif», a déclaré le président du CABBA, soulignant qu'un dossier complet a été envoyé à la Fédération algérienne de football. Puis d'enchaîner : «Nous avons demandé à rejouer le match et si la FAF maintient sa décision, nous déciderons d'autres actions dans le cadre de ce que prévoit la réglementation.» Dans les milieux bordjis, on est convaincu que les instances ont favorisé de manière flagrante l'Entente tout en lésant leur club. Pour eux, plusieurs indicateurs concourent à cela : le fait que Walid Sadi fasse partie du Bureau fédéral n'est pas innocent dans cette affaire, de plus l'ESS avait tout à gagner en ne jouant pas ce match pour reposer son effectif par rapport au match contre l'équipe Libyenne du Khaleedj de Syrte en Coupe de la CAF, disputé vendredi, tout en se débarrassant d'un sérieux concurrent au titre de champion d'Algérie. D'une pierre deux coups, comme on dit. Par ailleurs, il y a lieu de se demander : pourquoi l'équipe du CABBA a eu recours à cette extrême solution sachant auparavant que les règlements sont clairs à ce sujet ? Dans un souci de moralisation de la discipline, notamment la lutte contre la violence, et dans la perspective de traiter rapidement les dossiers, la LNF et la FAF sont apparemment décidées à donner un bon coup et ne laisser rien traîner, mais qu'en est-il de la justesse des décisions se demandent certains ? Ce n'est pas parce qu'on traite de manière prompte une affaire ou de façon expéditive qu'on la traite bien Qui remboursera les 3 000 supporters bordjis ? l Quand on voit ce qui s'est passé à El-Eulma lors du match MCEE - MCA puis à Annaba entre l'USMAn et la JSK, on ne comprend pas le verdict qui a été pris à la suite de ce dernier match par rapport au derby MCA-NAHD (mis sur un pied d'égalité alors que les incidents étaient complètement différents), alors que pour la première rencontre aucune sanction n'a été prononcée. D'autres questions restent en suspens comme par exemple : qui remboursera les billets des 3 000 supporters bordjis qui se sont déplacés à Sétif pour assister au match contre l'Entente, sachant que Serrar, le boss de l'ESS, peut offrir le prochain match gratis à ses supporters ? Qu'en est-il également des déclarations fracassantes des deux présidents sur les ondes de la radio et sur certaines manchettes qui vont restées impunément sans suite ? Qu'en est-il de l'avenir des derbys entre ces deux équipes des Hauts- Plateaux et des relations entre les deux galeries quand on sait ce qui s'est passé à Skikda vendredi où le football a fait deux morts et des blessés ? Le chemin est encore long pour les instances du football, les pouvoirs publics et pour toute la société pour venir à bout des pyromanes de la balle ronde. Et ce n'est pas le huis clos que même certains journaleux manipulent au gré de leurs humeurs et de leurs intérêts clubards, qui va résoudre ce grave et dangereux fléau.