Astuce n Certains étudiants se sont spécialisés dans le transfert de crédit, ou ce qui est appelé communément le «flexy». Ils font un bénéfice de dix dinars sur chaque opération. C'est le même tarif appliqué dans les kiosques, sauf que l'avantage, ici, réside dans le fait que les «clients» peuvent recharger à tout moment. Ce créneau est investi par un grand nombre d'étudiants pour la simple raison qu'il ne nécessite pas un gros investissement. A l'entrée des cités universitaires, on aperçoit des dizaines d'affiches indiquant les endroits de transfert de crédit. Sur une carte de rechargement de 500 DA, le «fournisseur» gagne 50 DA. «La moyenne de recharge est de 1 000 DA par nuit. Je gagne alors 100 DA et c'est mon argent de poche du lendemain», affirme un étudiant résidant à la cité universitaire de Beni-Messous. Si les garçons sont contraints d'acheter les cartes de recharge pour les «revendre», ce n'est pas le cas des filles. Les plus chanceuses d'entre-elles reçoivent gratuitement le crédit et gagnent, par conséquent, le montant rechargé et le bonus. Des hommes composent des numéros au hasard et lorsqu'ils tombent sur une fille, ils lui envoient des recharges dans l'espoir de la rencontrer un jour. Lynda, étudiante en troisième année de sociologie, en fait partie. «Je reçois des appels quotidiennement de la part d'hommes de différentes régions du pays qui se disent riches et voulant sortir avec de belles filles. Ils m'envoient des crédits atteignant parfois 2 000 DA par jour. Je leur promets de les rencontrer un jour. Je revends ce crédit à d'autres filles et je gagne d'importantes sommes d'argent. Sincèrement, je ne manque de rien», confie-t-elle. La crédulité profite ainsi à ces jeunes étudiantes en besoin d'argent pour faire face aux exigences financières de leur cursus. Lynda affirme qu'elle n'est pas la seule à gagner son argent de poche grâce au téléphone. «Mes deux amies font la même chose. Nous ne manquons de rien. Tant pis pour les beggars (nantis et dépensiers)», se réjouit-elle. Les puces Millénium de l'opérateur Djezzy avec lesquelles les communications sont gratuites de 21h à 7h du matin offrent également une opportunité de business aux étudiants. En effet, les détenteurs de cette ligne procèdent à la location de leurs mobiles pour 100 DA/l'heure. Et ce ne sont pas les clients qui manquent, selon les propriétaires de ces «taxiphones nocturnes». Pour les étudiants, il est préférable de payer 100 DA pour une heure de communication que de dépenser la même somme pour à peine 10 minutes à partir de leurs appareils. «Pour appeler mes parents, j'utilise toujours cette option. Une heure m'est largement suffisante pour parler avec tous mes frères et sœurs et avoir de leurs nouvelles», affirme un étudiant à la résidence universitaire de Hydra-centre. Les «fournisseurs» de ce service affirment qu'ils sont souvent submergés de demandes et sont parfois contraints de dresser des listes pour classer les clients…