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Voyance mortelle (1re partie)
Publié dans Info Soir le 22 - 01 - 2004

Malheur Le jour où les pieds d?Ali le mènent devant un voyant fut un jour maudit pour lui et pour les siens.
Avant cette fatidique rencontre, Ali, demeurant à Gué-de-Constantine, est, à 42 ans, un homme tranquille, estimé par son entourage. Maçon, il menait une vie simple et paisible avec sa femme Djamila, épousée en 1985. Avec son teint brun, sa mince corpulence, sa fine moustache et ses cheveux grisonnants, Ali est l?homme parfait. Sa vie s?écoule sans problèmes majeurs. Parfois des scènes de ménage avec son épouse, quelques soucis passagers, des sautes d?humeur momentanées, sinon rien de notable, jusqu?au jour où son destin le mène au devant d?un voyant. Celui-ci, sentant le «pigeon» et dans l?espoir d?un gain juteux, se met en quatre pour servir son client.
Après le baratin d?usage, le voyant prit son air le plus sérieux et lui déclara de sa voix la plus solennelle qu?un homme ou deux suivaient ses traces. Piqué dans sa curiosité, Ali demanda l?explication de cette phrase. Interloqué, le voyant hésita, mais, devant le regard insistant de son client, il finit par lui «révéler» l?infidélité de sa femme. D?après ce charlatan, Djamila trompait son mari avec un ou peut-être bien deux hommes. Le verdict tombe tel un couperet dans l?esprit d?Ali.
Le voyant, en recevant son argent, rit sous cape de la naïveté de ce client. Mais ce qu?il ne remarque pas, c?est cette étrange expression, à la limite animale, qui se dessine sur la physionomie d?Ali. Ses yeux perçants flambaient et son menton ne cessait de tressaillir, ses poings se crispaient, dénonçant une formidable agitation intérieure. Ce que le voyant ignorait, c?est qu?il venait de tourner une page de l?existence d?un pauvre malheureux par des paroles inconsidérées, il venait de condamner une femme à mort.
Dès lors, Ali devint un autre homme. Soupçonneux, il épiait sa femme pour connaître le fin mot de l?histoire.
Dans sa solitude, il ne cessait de ruminer des idées morbides.
L?existence quiète du couple prend une autre tournure. Les querelles entre les deux époux sont fréquentes et Ali, pour se justifier, invoque ses quatre enfants qui sont maltraités et son domicile délaissé. Mais à aucun moment, il ne fait allusion à la cause du changement de son humeur.
Le 16 septembre 2002, le foyer conjugal est, pour la dernière fois, le théâtre d?une dispute entre les deux époux. Ali, qui se sent bafoué dans sa dignité d?homme, décide de s?expliquer une fois pour toutes avec Djamila. Pour cela, il attend le lendemain pour tirer l?affaire au clair.
Le 17 septembre 2002, le sort de toute une famille va être scellé. Vers 10 h, l?esprit d?Ali est traversé par mille et une questions. A cet instant précis, il s?avise que le moment opportun de s?expliquer avec sa femme est venu. Il la presse de questions quant à sa fidélité, la somme d?avouer son acte d?adultère et de divulguer le ou les noms de ses amants. La femme n?en croit pas ses oreilles. A ce moment même, son mari lui révèle les doutes qu?il entretenait envers elle et ce, depuis un mois, ne sachant que faire. (à suivre...)


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