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Feux croisés sur un médecin
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 17 - 03 - 2010

L'histoire suivante tourmentait depuis longtemps l'esprit de son auteur sans qu'il ait eu la volonté de l'écrire un jour. Il a suffi qu'un évènement aussi banal qu'une déclaration politique d'un imam radical, mais dont la portée sociopolitique est trop grave, pour que le voile se déchire et tout se précipite et aboutisse à la naissance de cette petite histoire qui nous concerne tous. C'est une histoire adaptée à partir de faits véridiques dont les références seront données vers la fin. Mais l'auteur tient à signaler que toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite et indépendante de sa volonté…
En hommage aux femmes travailleuses dans un pays où le travail n'a pas de sens, ni de valeur reconnue. En hommage à Mme Meriem Mehdi qui lutta fort pour ses droits et en hommage aussi à madame Rahal, madame Touabi, au Pr Abadi et d'autre cadre du ministère de la santé ou de l'institut Pasteur qui ont refusé de se compromettre avec le ministre de la Santé au sujet des vaccins de H1N1 périmé et fut licenciés abusivement pour leur « insolence »(*).
Kayen elkheir
Le roi de la corruption
Il était une fois, une histoire ordinaire qui se passa sous le règne sublime d'un sultan hors du commun qui s'appelait La'aziz Boukhlika. C'était un grand sultan que les historiens nommèrent injustement le roi de la corruption. Non pas qu'il fut malhonnête, sa vie entière ne fut que dévouement et sacrifice au service de ses sujets, mais il dut l'infâme réputation à son époque considérée comme l'âge d'or des détournements de fond et des concussions d'un degré jamais atteint. Même la paix qu'il étendit sur tout le royaume ne put effacer cette grande tache noire qui souilla à jamais son nom et son règne. Certains dirent que le sultan fut très malheureux de voir son œuvre et son règne entaché par une si vile réputation. Le sultan fut d'autant plus affecté qu'il ne comprit jamais pourquoi ses vizirs et ses courtisans, choisis par ses soins pour faire prospérer son royaume et qui furent tous à l'abri du besoin, devinrent le gotha du pillage de haute voltige. Il fut profondément malheureux de voir son sérail, transformé en un haut lieu où l'on rencontre les meilleurs flibustiers que pouvait receler son royaume et toute son époque. Pourtant, aucun d'eux ne fut inquiété par sa justice; le sultan, tout en déplorant leur conduite, était magnanime et faisait contre mauvaise fortune bon cœur; il n'a jamais voulu aller plus loin que le chagrin, la déception et le désarroi qui le tenaillaient par moment. Si Dieu a voulu que je travaille avec ces voleurs, se disait-il, c'est peut-être pour une insondable sagesse divine. Maintenant qu'ils ont les coffres pleins, ils vont certainement commencer à travailler sérieusement pour le bien-être de mon peuple. Que Dieu leur pardonne. Et justement, Dieu a dû leur pardonner puisqu'Il a couvert leurs pillages de grande ampleur avec une abondance à donner le vertige, de sorte que le royaume semblait à l'abri de la disette et les sujets menaient cahin-caha des jours heureux. Ceux qui se révoltaient contre lui, n'étaient qu'une poignée d'ingrats et d'impatients. Il leur laissait la vie sauve pour prouver aux autres rois qu'il est aussi magnanime envers eux et que dans son royaume, la liberté n'est pas un vain mot. La clairvoyance de ce roi fut largement récompensée puisque son pays devint outrageusement riche et devint un havre de paix et l'une des destinations les plus prisées par les investisseurs, les touristes et bien sûr les harraga. Tous les sujets du sultan finirent par l'aimer, y compris les tribus qui ne l'ont pas compris au début de son règne. Le roi de la corruption qui avait une foi inébranlable en Dieu finit ses jours paisiblement et mourut la conscience tranquille. Ses funérailles furent grandioses à la mesure de son œuvre historique et de ses souhaits. Ses vizirs, affectés plus que le restant des sujets, pleurèrent comme une fontaine ; la disparition de leur roi fut sentie comme un sevrage d'un enfant inconsolable arraché à la mamelle maternelle. Aujourd'hui, une grande mosquée, véritable joyau architectural, porte le nom du roi de la corruption, afin que, de génération en génération, les Algériens se rappellent l'épopée de ce glorieux roi. Certains zélateurs ont suggéré que la dernière demeure d'un homme aussi saint ne peut être qu'un mausolée doré dans l'enceinte de la grande mosquée, mais la plupart des dignitaires de son sérail ont refusé cette solution et insistèrent sur la qualité principale du roi : son combat pour l'indépendance. Le défunt roi fut inhumé dans le carré des martyres auprès de ses frères de combat. Mais chaque fois que le muezzin appelle à la prière du haut de son très haut minaret, à chaque fois qu'un fidèle se dirige vers cette mosquée et y prie, à chaque fois qu'un enfant y apprendra le Coran ou qu'un roumi s'y convertira à l'Islam, des hassanates (points de bienfait) multipliées à l'infini s'élèveront haut dans le Ciel pour aller se déposer en lettres dorées sur son journal de vie. Ainsi, il espérera contre-peser les méfaits de sa vile réputation. Une colonne aérienne qui va de la mosquée au Ciel est d'ailleurs interdite au trafic aérien pour ne pas perturber le flux incessant des hassanates royales qui montent au Ciel. Ce fut un grand roi à tout point de vue et son époque fut l'une des plus belles qu'a connues l'Algérie ; les flibustiers d'aujourd'hui la regrettent amèrement.
Les espoirs d'une « basse extraction »
A cause du climat délétère de la corruption, de grandes implosions se produisaient derrière les murailles du palais royal et dont les nouvelles arrivaient avec le vent par bribes éparpillées jusqu'aux oreilles du petit peuple. A côté de ces histoires qui défrayèrent la chronique, d'autres petites histoires tristes rapportées par les chroniqueurs comme de simples faits-divers sans importance pour le règne du roi de la corruption, se passèrent quotidiennement dans ce royaume enchanté. Parmi ces innombrables petites histoires qui ne faisaient pas les choux gras des grands titres de la presse d'alors, il y avait celles qui peuvent marquer durablement même celles et ceux qui, comme nous, n'ont pas connu cette belle époque. Ce sont des histoires à la fois pénibles et poignantes parce que nous devinons facilement le drame qui a dû s'abattre sur leurs victimes innocentes et vulnérables auxquelles nous nous identifions spontanément. D'ailleurs, c'est à partir de ces petites histoires que l'on commence à prendre conscience de notre vulnérabilité et de notre précarité face à la tyrannie; nous sommes tous des victimes potentielles lorsque le droit est soumis à l'humeur d'un roi.
Parmi lesdites histoires, il eut une qui transforma la vie paisible, faite de pain béni, de décence et de jours heureux, d'une petite famille, en cauchemar grâce aux caprices du fils d'un indigne commis du roi qui n'eut jamais eu vent de ce malheur. Le père de cette famille avait inculqué fidèlement à ses enfants toutes les valeurs morales dont celle d'el hechma (la honte et la peur du déshonneur) qui ont fait jadis la fierté, le bonheur et l'harmonie de notre société traditionnelle. Il a sué sang et eau toute sa vie pour offrir à ses enfants les moyens de s'épanouir et de réussir leur vie et surtout pour ne pas tomber dans la panade ou la marginalisation sociale. Après des efforts colossaux appuyés de beaucoup de prières, l'une de ses filles, belle comme un ange, bien élevée et brillante combla le cœur de ses parents de joie en décrochant haut la main un diplôme de médecine et concrétisa enfin son propre rêve. Le bonheur de la famille fut total quand elle eut la chance de trouver un emploi dans une caserne de la protection civile quelque part la capitale du royaume.
Pour la famille ainsi que pour leur jeune docteur de la protection civile, la vie prenait tranquillement sa routine dans la sérénité et dans le sentiment du devoir accompli. Elle secourut avec abnégation et conscience professionnelle des dizaines de blessés de toutes catégories et de toutes les couches sociales : des enfants, des femmes, des hommes, des vieillards. Elle s'habitua à cette vie tumultueuse et imprévisible. Elle s'adapta à la rapidité d'intervention qu'exige sa profession, et dans les cas d'urgence, elle apprit à sauter en un clin d'oeil dans l'ambulance des sapeurs-pompiers pour aller sauver des vies humaines. Elle apprit à combattre la mort qui se cache derrière chaque appel d'urgence et maîtrisa l'art de faire rapidement un diagnostic d'une situation critique et s'est faite une bonne réputation parmi ses confrères. Bref, elle fut utile pour la société et fut digne de sa profession bien que son salaire ne reflétait pas la valeur de son travail et était en deçà de ses besoins financiers. Malgré ces frustrations partagées par de très nombreux médecins publics, elle continua à s'acquitter honorablement de sa tâche tout en bâtissant d'autres rêves légitimes. Sa vie se déroulait ainsi sans accrocs jusqu'au jour triste (d'un décembre 2009) où il fit irruption dans la caserne, amenant avec lui le malheur…
Lui, c'est un type impétueux, autoritaire et surtout il avait le bras long : son père était vizir de l'habitat (Nordan Moussalini dit la chronique). Le fils du satrape, habitué à être servi par les valets en livrée, n'admettait aucun refus de la part de la plèbe. Dans la caserne, il se comporta comme le maître des lieux et exigea sur le champ un médecin pour son père qui fut victime d'un malaise. Le médecin de garde en ce jour fatidique fut le jeune médecin. Elle reçut donc l'appel d'urgence de vive voix, elle se prépara aussitôt à s'embarquer dans l'ambulance. Le chroniqueur (1) n'a pas donné plus de précision sur ces instants de grande tension provoquée par le fils du vizir, mais il rapporta que ce dernier exigea du médecin de monter avec lui dans son carrosse pour la conduire lui-même à la maison de son père pour arriver plus rapidement, puisqu'il connaît le chemin ou bien par souci de discrétion. Le médecin a opposé un refus catégorique. Pour elle, il n'est pas question d'agir autrement que comme le stipule le règlement de la protection civile. D'autant plus qu'elle tient absolument à son honneur et sa réputation : elle insista de prendre l'ambulance. Le fils, rouge de colère, tourna les talons et parti aussi précipitamment qu'il est entré.
Vaste est la prison (5)
Prenant son courage à deux mains, le médecin de garde répondit à l'appel du devoir comme elle le faisait toujours. Elle monta dans le véhicule d'urgence avec son assistant et disparut dans les dédales de la ville, sirène et gyrophare allumés. Pourtant, en cours de route, cette fois, elle pressentit que cette mission ne ressemblera pas aux autres. Des appréhensions vagues la firent tressaillir. Elle songea aux informations récurrentes sur les abus de pouvoir des hauts responsables civils et militaires qu'elle a lues dans les journaux. Elle se rappela de ces ragots inquiétants qui sont colportés un peu partout sur l'impunité des responsables et sur les dignités bafouées. Elle revit le visage fulminant de ce fils de ministre qui voulut s'étrangler de colère pour avoir essuyer un refus d'obtempérer. Tous ces souvenirs défilèrent comme des taches sombres dans sa tête et pesèrent sur sa poitrine telle une charge lourde. Puis, elle pensa, à suis longues nuits blanches passées aux études, à ses rêves, à son avenir, sa famille. Que va-t-elle devenir si le sort l'avait jeté dans les griffes d'un ogre? Que vaut un médecin public en Algérie? Rien. Non, quand même, se rassura-t-elle. Ne fut-elle pas un officier de la protection civile ? Elle appartenait à un corps paramilitaire, elle avait un plan de carrière bien engagée et son Directeur général,Mustaf Habré, était un puissant colonel et était un officier supérieur de l'armée à la retraite et par-dessus tout il était le beau-frère du généralissime Belcair (1). Un officier supérieur de l'ANP n'abandonne pas ses soldats, c'est connu. Elle se sentit protégée, on n'écrase pas un militaire comme ça, pour une affaire aussi insignifiante. Et puis, elle va examiner le patient, il va se rétablir. Le ministre va finir par la remercier et tout rentrera dans l'ordre. Elle serra ses poings, fit une prière et secoua sa tête pour en chasser toutes les idées noires qui s'y sont insinuées.
Lorsqu'elle se libéra de ces angoisses, l'ambulance était devant la porte de la résidence luxueuse du patient. Elle descendit en vitesse et sans hésiter elle frappa à la porte. Une personne lui ouvrit, il la regarda froidement et lui dit de retourner d'où elle est venu et ajouta : « Monsieur Moussalini n'a plus besoin de ses soins ». Ensuite, il ferma la porte brutalement à sa face.
Sur le coup, elle resta perplexe, elle n'avait jamais reçu un pareil accueil. Elle fut envahie par une sensation d'impuissance et de colère. Elle apprit à ses dépens que les hauts responsables ne se conforment pas à la loi et méprisent les agents subalternes de quelques corps que se soient. Elle pensa appeler la gendarmerie pour défoncer la porte, sécuriser le passage et tenir en respect la maisonnée afin de lui permettre d'examiner la situation du patient, de s'assurer qu'il eut reçu les soins nécessaires ou qu'il est hors de danger. Car rien ne dit que le patient n'est pas victime d'un complot ourdi par sa famille; l'Algérie n'est pas à un drame familial près. Mais, une voix intérieure lui disait qu'elle ne récolterait que d'avantages de tracas. Son assistant finit par la dissuader et recommanda d'alerter la hiérarchie, de rentrer à la base et faire un rapport sur cette mission non accomplie.
Sur le chemin du retour, elle resta silencieuse. Elle vit un corbeau, en plein vol, passant à l'aplomb de l'ambulance; c'était un mauvais présage. Les idées sombres ont refait surface et un malaise commença à germer au fond d'elle.
Son pressentiment n'a pas mis longtemps pour se confirmer. En s'approchant de la caserne, elle fut frappée de stupeur. Une scène qu'elle n'avait jamais vue auparavant se présenta à ses yeux : le corbeau était sur le toit et coassait comme un forcené. Une fois à la caserne, elle sut que son sort était scellé par téléphone. Le colonel Mustaf Habré appela et prit de graves décisions à l'encontre de tous les responsables qui ont gérés l'appel d'urgence du vizir Nordan Mossalini. Des sanctions tombèrent et le médecin fut parmi le lot des punis. Le chroniqueur d'Elkhabar, n'a pas dit quelles furent les sanctions du DGPC ni qui est le personnel concerné, mais l'on comprend seulement que le médecin fut tellement choquée, et fut soumise à une telle pression qu'elle présenta sa démission. Fut-elle insultée et sa dignité foulée au pied ? C'est à craindre. Pour une fille élevée dans l'honneur et la dignité, le choc eût été terrible.
Pour la première fois de sa vie, le médecin sentit la terre se dérober sous ses pieds et comprit tout le poids de l'injustice dans lequel vivent les Algériens. Elle sut que le pays est divisé en couches supérieures et couche inférieure. Entre caste puissante et population sans défense.
Deux gros bonnets dans le royaume se sont alliés contre un médecin, ils se sont concertés, ont jugé et ont condamné en moins de temps qu'il a fallu pour faire un aller-retour entre la caserne de Habré et la résidence de monsieur Moussalini. La victime fut absente du procès expéditif. Un échange de quelques mots par téléphone entre deux grosses légumes et une carrière est détruite et des rêves partent en fumée. Apparemment le médecin n'était pas la première victime du colonel (2).
Telle fut l'époque du roi de la corruption, le magnanime La'aziz Boukhlika qui, dit l'histoire, ne limogea aucun des vizirs qui furent éclaboussés par les plus grands scandales financiers de l'époque.
Rappelons que cette histoire s'était passée il y a très longtemps, en décembre 2009. Dieu merci, nous sommes loin de cette époque médiévale. De telles pratiques sont inadmissibles aujourd'hui et notre président actuel, que Dieu lui accorde santé et longue vie, n'admettra jamais de tels abus ni laissera de telles pratiques se propager comme une gangrène dans son pays. Tout le monde le confirme, à commencer par l'honorable Kteltini Farouk, l'homme qui veille au respect des droits du tiers état, notre président veille lui-même à ce que toutes les injustices et les outrages faites aux fonctionnaires issus de la piétailles soient punis conformément aux lois en vigueur, des lois qui ne font aucune distinction de grade, de rang ou d'origine sociale.
Epilogue
Certains ont dit que le médecin fut seulement mutée, d'autres ont dit que sa démission fut refusée trois fois avant d'être acceptée, mais aucune information crédible n'a été fournie par la presse… de l'époque qui manquait atrocement de moyen d'information.
Certains ont même rapporté que son père est allé consulter un célèbre imam, nommé Ali Elhajaj, pour savoir pourquoi le malheur s'est abattu sur sa fille. Comme réponse, il reçut ceci : « Parce que c'est une Kherraja- wellaja. Il fallait lui interdire de sortir de la maison ».
Ces différentes hypothèses eurent été suffisantes pour un sujet du roi de la corruption pour s'inquiéter du sort de ce médecin qui, comme nous, appartint à la couche inférieure ou à une couche équivalente. Je souhaite de tout mon cœur qu'elle fût réhabilitée dans sa dignité et dans ses droits et je souhaite que ceux qui connaissent son histoire véridique nous rassurent et nous disent ce qu'elle devint.
Un vibrant hommage à été rendu par des confrères de la protection civile au médecin (4).
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(1) http://www.elkhabar.com/quotidien/?idc=92&date_insert=20091217
(2) http://pompier003.unblog.fr/2007/10/23/et-ca-repart/.
(3) Dans ce lien, le DGPC rend un hommage au femmes de la protection civile quelques temps avant le lâche sacrifice du médecin
http://www.euromedcp.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=447:the-important-role-of-women-in-the-algerian-civil-protection&Itemid=670&lang=fr
(4) http://www.himaia.com/vb/showthread.php?p=13763
(5) un titre d'un des roman de Assia Djebbar
(*) http://www.ennahar.net/fr/news/3516.html


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