Expression n Une exposition collective de plasticiennes indiennes se tient à la galerie d'art Mohamed-Racim. «Femme par femme» est l'intitulé de l'exposition qui, par son contenu, se veut un voyage et dans les formes et dans les couleurs. C'est aussi une invitation à l'exploration et à la découverte d'un pays, l'Inde, aux mille et un mystères. Découverte, parce que l'exposition, riche d'une cinquantaine de peintures, montre un art jusque-là nouveau, voire méconnu chez-nous, où l'expression picturale menée et développée par les artistes ne reproduit pas littéralement ni la nature ni la réalité de la vie quotidienne, mais elle s'organise tel un jeu pictural relevant d'une intuition intérieure. C'est une peinture de l'intériorité. Autrement dit, il s'agit d'une peinture du dedans qui se présente et s'offre dans toute sa diversité, le temps d'une visite, au public qui, lui, voit, en elle, une expression du moi profond ou intérieur. C'est la vie psychique et les images mentales qui s'expriment admirablement et avec raffinement d'une peinture à l'autre. Cette existence, au départ, immatérielle, floue, fluide et impalpable, se transforme et se cristallise en une entité et un contenu visibles à l'œil nu, et palpables au toucher. La réalité picturale se libère en prenant autant de volumes que de reliefs auxquels s'ajoutent des couleurs par lesquelles celle-ci (la réalité) est agrémentée, émaillée. Le tout s'articulant dans de jolies courbes et des mouvements subtiles. Ce sont de belles peintures, pittoresques et féeriques, des peintures sorties directement de l'imaginaire et du rêve, et nourries de mythologie et de mysticisme. Ces peintures renferment un subconscient en effervescence. C'est une vision onirique que les artistes peintres femmes nous livrent et nous font partager. L'exposition se veut éclectique : plusieurs genres et styles configurent l'exposition, tels le semi-figuratif, l'expressionisme, le symbolisme ou encore l'abstrait. Toutes mettent en scène le personnage de la femme, et chaque personnage exprime tantôt un caractère, tantôt un état d'âme et tantôt des rêves et des impressions. Toutes racontent la femme indienne et illustrent sa psychologie. Toutefois, cette femme, tant magnifiée par les couleurs, n'est pas représentée sur le plan érotique, comme le veut le fantasme masculin. Son corps n'est pas abordé avec une arrière-pensée lascive. Certes belles et sensuelles, élégantes et joliment distinguées, les femmes sont circonspectes et pleines d'humilité. C'est une composition neutre, objective, prenant par moments des allures symboliques, voire abstraites. Ces femmes joliment représentées par l'imaginaire féminin semblent rêveuses, solitaires, détachées… Rêver de Pritam Bhatty décrit une femme songeuse, alors que Détachement de Anita Tarwar présente une femme effacée. S'inscrivant dans un autre registre, Amazone de Bina Mishra reproduit, mais autrement, selon une sensibilité individuelle et créatrice, des personnages de la mythologie indienne : l'artiste met en scène des divinités, comme Durga, déesse-mère qui symbolise l'unité des forces divines et cosmiques. Ainsi, autant de personnages que de sensibilités caractérisent l'exposition haute en couleur, chargée d'émotion et d'une grande richesse visuelle. Une exposition inondée de couleurs, donc de lumière. Enfin, l'exposition offre au regard autant de beauté que de poésie.