Résumé de la 40e partie n Tuppence appelle Mr Grant puis retourne à pied au Sans souci en notant mentalement le nom des villas environnantes... Ce ne fut que lorsqu'elle parvint à quelques mètres de l'hôtel que Tuppence remarqua une femme qui, plantée devant la grille, s'efforçait de regarder au travers. Toute son attitude proclamait tension et vigilance. Presque inconsciemment, Tuppence s'efforça d'amortir le bruit de ses semelles et se mit à marcher sur la pointe des pieds. C'est pourquoi la femme ne s'aperçut de sa présence que quand Tuppence se trouva juste derrière elle. Elle se retourna en sursaut. C'était une femme de haute taille, pauvrement vêtue – misérablement, même –, dont la physionomie trahissait l'origine étrangère. Elle avait passé la première jeunesse, et sans doute se trouvait-elle proche de la quarantaine. Sa mise et ses traits présentaient un contraste flagrant. Elle était blonde, avec de hautes pommettes, et il était évident qu'elle avait été belle – elle l'était d'ailleurs encore, d'une certaine façon. Pendant une fraction de seconde, Tuppence eut le sentiment que ce visage lui était familier. Cette impression ne dura pas. Mais ce n'était pas, pensa-t-elle, un visage qu'on pouvait facilement oublier. A l'évidence, la femme avait été surprise, et Tuppence ne manqua pas de noter qu'elle avait rougi. Etait-ce un symptôme à retenir ? — Pardonnez-moi, dit Tuppence, vous cherchez quelqu'un ? — Ce maison, Sans Souci ? demanda la femme avec un fort accent slave et en articulant avec soin comme si elle avait appris cette phrase par cœur. — Oui. C'est là que je réside. Vous cherchez quelqu'un ? Une seconde d'hésitation. Puis : — Vous pouvez dire, s'il vous plaît. Il y a ici un Mr Rosenstein, non ? Tuppence secoua la tête. — Mr Rosenstein ? Non, je suis désolée. Mais peut-être a-t-il séjourné là, et puis est-il reparti. Voulez-vous que je demande à la propriétaire ? L'inconnue eut un geste de refus. — Non... Non... Erreur je faisais. Pardon, s'il vous plaît. Puis elle tourna vivement les talons et s'élança à grands pas dans la descente. Soupçonneuse, Tuppence la regarda s'éloigner. La manière dont cette femme s'était exprimée ne correspondait pas à son comportement. Il paraissait plus que probable que le Mr Rosenstein en question était purement fictif et que la femme avait utilisé le premier nom qui lui était passé par la tête. Sans barguigner, Tuppence se lança à son tour sur la chaussée. Mue par une sorte de pressentiment, elle voulait suivre cette femme. Mais elle s'arrêta bien vite. Entamer une filature risquait d'attirer fâcheusement l'attention sur elle. Elle avait eu trop évidemment l'intention de rentrer à Sans Souci quand elle avait entamé la conversation avec la femme. Être vue dans son sillage pourrait susciter la méfiance et donner à penser aux curieux que Mrs Blenkensop n'était pas exactement ce qu'elle prétendait être – dans l'hypothèse, bien entendu, où l'inconnue ferait partie de l'organisation ennemie. (à suivre...)