"Rentabilité" La reprise des vols représente un objectif économique. C?est sous le signe de la sécurité et dans une certaine solennité, avec la présence à bord du ministre français des Transports et du P-DG d?Air France, que s?est déroulé samedi le premier vol marquant la reprise de la desserte d?Alger par la compagnie aérienne française. Embarqués à l?heure exacte devant une foule de journalistes venus couvrir l?événement, les 157 passagers du vol AF 3538 ont décollé à 7h30 (05h30 GMT) précises de l?aéroport d?Orly. «Pour l?instant, cela me paraît comme d?habitude», dira Nassera Bouchou, une des passagères. La jeune femme de nationalité française et de parents algériens n?a pas eu «du tout peur». «La reprise des vols d?Air France nous remet en confiance», dit-elle. Elle était en Algérie lors de la prise d?otages sanglante de décembre 1994, au cours de laquelle trois passagers et quatre terroristes avaient perdu la vie. «Si Air France prend des risques, pourquoi pas nous ?» ajoutera-t-elle. La présence du ministre français de Transports à bord de l?appareil achève de la tranquilliser. «C?est rassurant !» lancera-t-elle. Gilles de Robien, qui emmène à Alger une délégation officielle d?une vingtaine de personnes, dont plusieurs industriels des secteurs de l?eau et des transports, s?est présenté peu après six heures dans le hall 3 du terminal ouest d?Orly. «Le devoir des États, le devoir des compagnies, c?est le devoir de précaution et ici le devoir de précaution a été rempli», a déclaré le ministre invitant les syndicats d?Air France, qui ont critiqué la reprise de la ligne, à vérifier par eux-mêmes la «réalité» de «mesures de sécurité à la hauteur des attentes». «On ne peut exiger ou même imaginer des mesures plus ambitieuses, plus efficaces que celles qui ont été arrêtées», a ensuite souligné Jean-Cyril Spinetta, P-DG d?Air France, également à bord du vol inaugural, dont le déroulement n?a en rien différé de celui d?un vol classique, mis à part l?effervescence médiatique autour des personnalités présentes à bord. Pour Mahfoud Abdellaoui, le retour d?Air France à Alger constitue d?abord «une liberté supplémentaire». Cariste de profession, il est sur la route des vacances. «C?est vrai qu?il y a trente euros supplémentaires à payer par rapport à Air Algérie, mais l?avantage c?est d?avoir le choix», dit-il. Pour le président d?Air France, la reprise de cette ligne, historique pour la compagnie ? la première ligne d?air France fut ouverte entre Marseille et Alger en octobre 1933 ?, représente un objectif économique : la rentabilité «dès cette année». Mais également un symbole : «Même si je ne connais pas personnellement l?Algérie (?) l?histoire de nos deux pays est si étroitement liée que je pense que cette reprise des vols effacera une anomalie.»