Résumé de la 3e partie n Richard Byrd commence à déprimer quand la nuit polaire s'installe. Le froid n'est supportable que quand il est à un mètre du poêle... Bien que ce ne soit pas sa spécialité, Byrd tente de rallonger le tuyau du chauffage avec de vieux bouts de tôle, cela ne change pas grand-chose. Les jours passent et la solitude commence à lui peser. Sa seule distraction est d'aller observer les aurores boréales. Pour cela, il doit s'aventurer hors de sa cabane où il fait maintenant toujours nuit. Pour ne pas risquer de se perdre, il a balisé un chemin avec des morceaux de bambou de couleur rouge plantés tous les vingt-cinq mètres et il ne s'en éloigne jamais. Un jour pourtant, perdu dans ses pensées, il dépasse le dernier repère sans s'en rendre compte. Lorsqu'il s'en aperçoit, c'est trop tard. Il s'empare de la lampe de poche qui ne le quitte jamais, mais le faisceau lumineux n'est pas assez puissant pour percer les ténèbres il n'éclaire que la neige, qui tombe en tourbillonnant. Il fait -80°C, peut-être moins encore. Avec les épaisseurs de vêtements qu'il a sur lui, il peut peut-être tenir une heure, pas plus. Byrd a le mérite de garder son calme. A coups de pied, il brise suffisamment de glace pour dresser un monticule, qui va constituer un nouveau repère. Ensuite, il va faire cent pas, revenir s'il ne trouve rien, faire cent pas dans une autre direction, et il finira bien par tomber sur les bambous. Il se met à la tâche, avec ses jambes qui s'engourdissent rapidement à cause du froid. Il ne trouve rien. Il revient au jugé, car ses traces sont immédiatement effacées par les bourrasques de neige, mais au bout du centième pas il ne retrouve plus son monticule de glace. Il est perdu dans la nuit polaire à la latitude 80°, tout en bas du monde. Le froid commence à le saisir, malgré ses épaisseurs de laine et de fourrure. Alors il décide de réagir avec les dernières forces qui lui restent. Il construit un nouveau repère de glace à l'endroit où il se trouve et reprend ses allers et retours. Le premier ne donne rien, mais cette fois, il retrouve son repère en revenant. Il part dans une autre direction et il pousse un cri de joie : le faisceau de sa lampe de poche éclaire l'un des bambous. Il est sauvé ! Une fois rentré, après s'être réchauffé, il note dans son journal : «A mon vingt-neuvième pas, je découvris, dans la lumière de ma torche, une baguette de bambou. Jamais marin en détresse apercevant une voile n'éprouva une joie aussi grande.» C'est à présent la mi-mai. L'amiral Byrd a bien du mal à associer ce mois, synonyme de douceur et de renouveau, avec l'environnement qui est le sien. Les températures se maintiennent en permanence en dessous de -80°C, le vent s'est considérablement accru et souffle en rafales épouvantables. La neige tombe sans discontinuer. Tout cela n'est évidemment pas fait pour lui donner le moral et, pour la première fois, ainsi qu'il l'exprime dans son journal, la solitude lui pèse vraiment. Sa santé se dégrade également. Il a de fréquentes migraines et, chaque fois qu'il s'endort ou presque, il est sujet à des cauchemars. Ces manifestations sont-elles psychologiques ? Sont-elles provoquées par la fatigue ou encore dues à la nourriture ? Byrd n'en sait rien. Il n'est pas médecin. Dans les bip-bip qu'il envoie régulièrement à la Petite-Amérique, il préfère ne pas en parler. Il est inutile d'inquiéter ses compagnons. Tout cela passera. (à suivre...)