Résumé de la 2e partie n Pour faire des observations météorologiques de grandes importances, Richard Byrd est contraint de passer tout l'hiver seul dans une station installée à cet effet... Le lendemain, il commence ses observations scientifiques et il se rend compte que c'est un travail moins simple qu'il ne l'imaginait. Si tous les appareils ont été conçus pour résister à un froid de -80°C, en revanche rien n'a été prévu pour les protéger de la glace et de la neige. Avant chaque observation, il doit casser l'épaisse couche gelée qui les recouvre, en prenant soin de ne pas les briser eux-mêmes. Quant à la girouette de l'anémomètre, l'appareil qui mesure la vitesse du vent, elle se trouve perchée en haut d'un poteau métallique de douze mètres, auquel il doit monter plusieurs fois par jour pour la décoincer. Et puis il y a le froid, qui est plus intense qu'il ne l'imaginait. Il se réconforte en se disant que c'est une information de première importance qu'il recueille ainsi. A partir de la mi-avril, il se stabilise autour de -75°C, avec des pointes au-dessous de -80°C. Byrd a peur pour ses appareils qui, théoriquement, ne sont pas étudiés pour une telle extrémité, mais il faut croire qu'ils sont solides, car ils tiennent le coup. Du côté de ses vêtements, tout est également satisfaisant. Il est vêtu de plusieurs pantalons et pull-overs de laine, sur lesquels il a une combinaison de fourrure. Sous le passe-montagne qui lui enveloppe le visage est glissé un masque transparent, d'où part un tuyau pour respirer. Aux pieds, il a des chaussures en peau de phoque de cinquante centimètres de long et deux fois trop larges. Il peut ainsi enfiler plusieurs paires de chaussettes de laine maintenues par des bandes. En dépit de ces précautions, l'intérieur de ses semelles est en permanence recouvert d'une mince couche de glace. Malgré les batteries électriques dont il dispose, il a été prévu qu'il ne se servirait de sa radio qu'épisodiquement, pour ne pas gaspiller le courant. C'est le 1er avril qu'il a sa première liaison avec la Petite-Amérique. Il a le réconfort d'entendre la voix de ses équipiers, mais lui-même ne dispose pas d'une installation assez puissante pour émettre autrement qu'en morse. Cela ne l'empêche pas de manifester sa bonne humeur par bip-bip interposés. — Bonjour, mes amis ! C'est le meilleur opérateur du monde à la latitude 80° qui vous parle. Le meilleur, bien sûr, puisqu'il est le seul ! Mais le rire ne va pas tarder à faire place aux contrariétés. Le 5 avril, il se prépare à sortir lorsqu'il constate que la porte ne s'ouvre plus. Il la tire, la pousse, donne des coups d'épaule, sans obtenir le moindre résultat. Il lui faut une demi-heure d'efforts épuisants pour en venir à bout. Il se souvient alors que, la veille, il avait laissé la porte ouverte assez longtemps pour que la neige fonde tout autour. Une fois la porte fermée, la neige a regelé et condamné l'ouverture. Le 7 avril, il voit le dernier rayon de soleil. Il entre dans la nuit polaire et, pour la première fois, cela se traduit dans son moral. Il note dans son journal : «Une tristesse funèbre règne dans le ciel crépusculaire. C'est une période intermédiaire entre la vie et la mort.» Cet accès de dépression est peut-être dû également au froid, car celui-ci s'installe à l'intérieur de son habitation où il fait désormais -30°C. A un mètre du poêle, la température est supportable, plus loin on grelotte. (à suivre...)