Résumé de la 5e partie n Richard Byrd découvre, un soir, que l'installation qu'il a faite pour le poêle laisse échapper de l'oxyde de carbone... Que faire ? Dans l'immédiat, il faut absolument qu'il respire. Il va soulever la trappe et inhale une bouffée d'air à - 80 °C, qui se répand également dans la pièce. Après quoi il revient à l'intérieur. Il colmate comme il peut le tuyau rafistolé, il se rend bien compte qu'il n'arrive à rien de satisfaisant. Il n'a pas les matériaux nécessaires. Pas question d'éteindre le poêle : il serait mort de froid en quelques heures. Il doit se résoudre à le laisser fonctionner et à continuer à se laisser détruire, au sens propre du terme, à petit feu. Il décide de ne rien dire à la base. Il ne veut pas mettre en danger la vie de ses hommes. Alors, dans ses communications avec la Petite-Amérique, il triche. Il bénit les circonstances qui l'obligent à répondre en morse, car sa voix trahirait immanquablement son état de santé. C'est tout juste s'il a la force d'actionner la manette. Il se borne à des réponses très courtes. Quant à ses observations météorologiques, elles deviennent pour lui un véritable calvaire. Il en rentre chaque jour épuisé. Il s'oblige pourtant à les faire. Il note dans son journal : «Je dois continuer ce travail. Tous les marins du monde en ont besoin. Je n'ai pas le droit de les en priver. Même si je meurs, on retrouvera mes notes et on pourra les utiliser.» Les jours, les semaines passent et l'oxyde de carbone fait inexorablement son œuvre. Byrd a perpétuellement des migraines et des nausées. Il ne peut plus se nourrir et peut à peine boire. Il est devenu squelettique. Il reste des heures entières prostré dans son abri. Pour éviter la mort, il n'allume plus le feu qu'une heure par jour. La température dans la pièce tombe à -20°C. Le 22 juin, la Petite-Amérique lui annonce qu'un convoi va être monté pour lui apporter du ravitaillement. Les conditions météorologiques sont meilleures depuis quelque temps et les chenillettes sont en état d'effectuer le trajet. Richard Byrd a constaté, lui aussi, cette amélioration. Alors il se résout à accepter et, pour la première fois, il dit la vérité sur son état. Mais les difficultés se succèdent. Les véhicules, qui marchaient impeccablement jusque-là, tombent tous en panne. Tandis que, dans le même temps, les conditions climatiques redeviennent exécrables. Un mois entier est perdu. Ce n'est que le 20 juillet que l'expédition de secours part le retrouver. Il était temps ! A présent, le poêle ne fonctionne plus du tout et, dans l'abri, la température est tombée à -73°C. De plus, la batterie de TSF est en panne. Pour recevoir les messages et en envoyer, Richard Byrd doit se servir de la dynamo, qui s'actionne avec des pédales, comme une bicyclette. Inutile de dire le calvaire que cela représente dans l'état qui est le sien. Enfin, le 8 août, il entend la voix du chef de l'expédition de secours dans sa radio : — D'après nos relevés, nous sommes tout près. Il faudrait que vous enflammiez un bidon d'essence pour que nous vous repérions. Byrd ne peut faire autrement que de s'exécuter. Il doit sortir celui-ci par la trappe du toit, le traîner jusqu'au sol et l'enflammer. Il reste là, hébété, à attendre, jusqu'à ce qu'il voie brusquement le faisceau d'un phare. Cette fois, oui, il est sauvé ! Richard Byrd avait passé cent trente-cinq jours dans sa base isolée sur le 80e parallèle, seul au-dessous du monde. Il y avait soixante et onze jours qu'il avait été victime de son premier malaise dû à l'oxyde de carbone. Et le plus extraordinaire, c'est qu'il n'en a gardé aucune séquelle. Rapidement rétabli, il est rentré aux Etats-Unis et il a fait trois nouvelles expéditions pour le gouvernement américain, en 1939, 1946 et 1955. Jusqu'à sa mort en 1957, à près de soixante-dix ans, il a dirigé l'ensemble des recherches polaires du pays. Quant à la base Petite-Amérique, elle existe toujours. C'est la plus importante de l'Antarctique et c'est un observatoire scientifique d'importance mondiale.