Vœu n Au lendemain de l'élimination de nos deux représentants en Ligue des champions d'Afrique, le président candidat Abdelaziz Bouteflika, dans son dernier discours de campagne, a exhorté le football algérien de remporter des titres. «L'Algérie a besoin de médailles, d'une équipe de football et de fierté», avait entonné Bouteflika à la coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf devant une foule composée essentiellement de jeunes venus l'acclamer pour sa dernière sortie électorale. Délaissant son discours écrit, le Président sortant lancera : «Je vais vider mon cœur», avant d'évoquer les consécrations sportives qui boostent le moral de la nation, qui soignent l'image du pays et qui renforcent la fierté. Et en esquissant «l'Algérie a besoin d'une équipe de football», cela veut dire en décodé qu'il faut relancer la machine du football pour enclencher les victoires, à commencer par une qualification de notre équipe nationale à la prochaine Coupe du Monde. Sans oublier les clubs qui devront revenir au premier plan sur le continent en allant décrocher cette Ligue des champions qui les fuit depuis trois décennies. C'est le vœu du Président, mais aussi celui de tout le peuple algérien. Sauf qu'entre le rêve et la réalité, il y a un monde. Une réalité qu'il faut regarder en face et ne pas occulter en s'abreuvant d'illusions. À la veille d'un scrutin qui consacrera Bouteflika pour un troisième mandat, le football algérien a vécu des moments bien chargés de regrets : un match nul des Verts à Kigali face à un adversaire rwandais à leur portée ; une finale des championnats d'Afrique perdue pour les U17 face à la Gambie à Alger et une double élimination en Ligue des champions africaine des clubs pour l'ASO Chlef et la JS Kabylie. Evidemment, le point glané à Kigali est mieux que le zéro pointé ramené de Dakar lors du premier match du précédent tour des éliminatoires combinées de la CAN et du Mondial-2010, d'autant que les progrès de beaucoup de nations africaines n'est plus une vue de l'esprit, en témoignent les résultats des derniers matchs dans ces éliminatoires. Bien sûr que la performance de nos U17 est à saluer, alors que personne ne donnait cher de leur peau il y a seulement quelques mois lorsque cette Académie se préparait studieusement pour décrocher une place en Coupe du Monde de la catégorie. En revanche, là où il y a de grosses inquiétudes à se faire c'est en voyant l'élimination précoce de nos clubs dans la plus prestigieuse des compétitions et véritable baromètre des valeurs. Pis encore, la tendance montre que nos clubs sont expédiés de la compétition avant même la phase des poules, comme c'est le cas cette saison avec l'ASO et la JSK. Et si les Chélifiens ont des circonstances atténuantes en tombant sur une grosse cylindrée du continent, en l'occurrence l'Etoile du Sahel de Tunisie (déjà vainqueur du trophée en 2007 et finaliste en 2005 et 2004 et vainqueur de la coupe de la CAF en 1995, 1999 et 2006), l'élimination du club kabyle prête à une profonde analyse. La dernière fois où un club algérien s'est retrouvé dans le dernier carré remonte à 2003, où la grande équipe de l'USM Alger avait buté sur les Nigérians d'Enyimba, futurs vainqueurs de l'épreuve. Quant au dernier titre dans cette compétition (sous son ancien format), il faut aller le chercher vingt ans en arrière avec la JS Kabylie (face au Red Devils en 1990). Aller vite vers le professionnalisme n Quelle est alors la solution pour que nos clubs puissent revenir sur la scène et rattraper le retard qui les sépare de la douzaine ou de la quinzaine de clubs africains dominateurs ? Tout le monde s'accorde à dire que la solution réside aujourd'hui dans le professionnalisme, le vrai, qui sera désormais incontournable avec le fameux cahier des charges de la FIFA imposé aux associations nationales (fédérations) et les clubs qui leur sont affiliés. Un professionnalisme qui agira à tous les niveaux et à tous les segments : de la formation de base, à la gestion du championnat, en passant par les terrains d'entraînement, aux moyens de récupération, à l'encadrement de qualité, à l'ouverture des frontières aux compétences (joueurs et techniciens), aux capacités managériales des dirigeants, aux différents apports financiers (sponsors, droit TV, merchandising…), des stades aux normes et autre une compétition de haut niveau. Tout un programme.