Quand un club ou un athlète se distingue à l'étranger, il est normal qu'il soit pris en charge. L'équipe nationale de handball se trouve en Croatie où elle prend part au Championnat du monde des nations. Cette participation a été obtenue grâce à la 3e place qu'elle avait conquise lors du dernier Championnat d'Afrique. Il est loisible de dire qu'il ne faut jamais préjuger de ce qui va se passer dans une compétition sportive ou dans un match, mais force est de reconnaître que le séjour des Verts en Croatie a de très fortes chances d'être limité et se réduire à la seule participation au premier tour. Quand on tombe sur l'Allemagne, championne du monde en titre, sur son dauphin, la Pologne, sur un habitué des podiums mondiaux et olympiques comme la Russie ou sur ce qui se fait de mieux en Afrique (avec l'Egypte) en matière de handball comme l'équipe de Tunisie, il faut admettre que notre équipe nationale est plutôt appelée à faire de la figuration. Partant de là, on peut se demander s'il était opportun que cette équipe aille en Croatie. Depuis quelque temps, l'accent est mis sur une meilleure participation de nos sportifs à l'étranger. En suivant cette logique, il vaut mieux la réduire au maximum du moment que l'on sait que ces athlètes ont peu de chance de nous revenir avec des médailles. Et la qualification aux compétitions internationales de ces mêmes athlètes, pourtant acquise sur le terrain, devrait être mise au placard. A ce jeu-là, l'Algérie indépendante n'aurait jamais pris part à ses premiers Jeux olympiques en 1964, au Japon, sachant que le seul sportif qui l'avait représentée, le gymnaste Mohamed Lazhari, n'avait aucune chance de monter sur un podium. Dans ce cas-là, le drapeau algérien n'aurait pas flotté pour la première fois de son existence sur la scène sportive internationale au milieu de ceux de toutes les autres nations de la planète. Lorsque le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika était allé à Pékin, en août dernier, il avait été particulièrement fier et le peuple algérien avec, de voir défiler derrière le drapeau frappé du croissant de lune et de l'étoile, des athlètes, filles et garçons algériens. Ils nous sont revenus avec deux médailles (une d'argent et une de bronze) mais ils auraient pu revenir sans rien, la fierté de l'Etat et du peuple aurait été la même car c'était l'Algérie qui défilait et qui allait concourir après avoir gagné ce privilège sur les aires de jeu. Des trophées pour rien C'est pareil pour nos handballeurs qui se sont battus pour gagner leur place pour la Croatie et nul n'avait le droit de les priver de prendre part au Championnat du monde. Pourtant, on a appris, et c'est l'entraîneur national, Kamel Akkab qui le dit, que cette équipe n'a pas eu la préparation qu'elle méritait, faute de moyens. Le jour de la dernière assemblée générale ordinaire du Comité olympique algérien, le président de la Fédération algérienne de handball, Allaoua Daksi, a même révélé que l'équipe nationale a pu participer au Mondial de Croatie grâce au concours financier de l'instance olympique. Convenons que ce que cette dernière a fait est à saluer, mais il est une loi, la 04-10 sur le sport, qui indique que la participation de nos équipes nationales dans des joutes internationales est à la charge de l'Etat. Les articles 25 et 27 de cette loi sont particulièrement explicites sur le sujet. Apparemment, chez nous, promulguer une loi est une chose, l'appliquer en est une autre.Les semaines qui viennent de s'écouler ont été marquées par des sorties médiatiques de certains présidents de clubs qui sont intervenus sur le sujet du remboursement des frais engagés dans la prise en charge de leurs équipes respectives lors de leur participation à des compétitions africaines. Le premier est Moh Chérif Hannachi, le président de la JS Kabylie, le club de football algérien qui a le plus participé à des Coupes d'Afrique où il a remporté deux trophées des champions, un des vainqueurs de Coupes et trois de la Coupe de la CAF. Hannachi n'est pas remonté à toutes ces années, mais il a demandé que soit remboursé l'argent investi dans la participation aux récentes Coupes africaines. «Nous ne faisons que réclamer ce qu'on nous doit. Nous ne cherchons pas à aller contre la réglementation. Le MJS doit nous comprendre», nous a-t-il dit. Le second président de club à se plaindre est Mohamed Djouad, responsable du GS des Pétroliers dont l'équipe de handball seniors messieurs est revenue du Maroc avec le titre de champion d'Afrique. Selon ce dernier, le secrétaire général du ministère de la Jeunesse et des Sports lui aurait affirmé qu'il n'existait aucun texte de loi indiquant que les clubs doivent être remboursés des dépenses engagées dans la participation à des compétitions continentales. Ce secrétaire général est dans le vrai, mais il prend le problème du très mauvais côté. Si la loi est muette sur le sujet, il existe, probablement, une circulaire du ministère qui indique que le remboursement se fera graduellement en fonction du stade de qualification atteint par le club en question. Nous n'inventons rien puisque la JSK a bien, dans le passé, été remboursée de ses frais et si on l'avait fait, c'était pour répondre aux instructions ministérielles. Mieux que les ministres et les ambassadeurs Et puis, est-il normal qu'une équipe de handball, celle du GSP, qui va à l'étranger et qui nous revient avec un titre de champion d'Afrique ne soit pas prise en charge par l'Etat pour sa participation à la finale? Qu'on se plie, au moins, aux exigences de l'article 39 de la loi 04-10. Ne dit-on pas que nul n'est au-dessus de la loi? Un ministère bénéficierait-il d'une dérogation? Il faut savoir que cette notion de remboursement est vieille de plus de 30 ans. Elle date, exactement, de 1976, année où l'équipe de football du Mouloudia d'Alger avait remporté le titre de champion d'Afrique des clubs champions. Au début, lorsque la compétition avait débuté, les responsables politiques ne croyaient pas tellement à la réussite du club algérois. Mais, au fil des jours, il était devenu un phénomène de société et l'Algérie entière était derrière le club des Vert et Rouge. Aussi, lorsque le MCA était arrivé en finale et qu'il lui fallait aller jouer l'aller en Guinée, c'est l'Etat qui s'était chargé de le transporter par avion spécial et de le prendre en charge sur place. Celui qui suivait bien l'opération était notre ministre des Affaires étrangères, un certain Abdelaziz Bouteflika. Il faut, donc, savoir gérer cette affaire de remboursement au mieux des intérêts de tout le monde. La JSK et le GSP ne sont pas en train de quémander un quelconque privilège, mais ils ne font que solliciter leur dû, selon les dispositions des textes en vigueur, même s'il ne s'agit que d'une circulaire. Et si celle-ci n'existe pas, ou n'existe plus, il faut savoir la créer, car il s'agit ni plus ni moins, que de rembourser, à leur juste valeur, des clubs qui représentent le pays à l'étranger. Sinon, soyons francs et faisons savoir à tout le monde, d'une manière claire et sans équivoque, qu'aucun club n'aura droit à un quelconque remboursement. Mais, il faudra bien garder en ligne de mire que des athlètes et des clubs font souvent mieux pour le pays que n'importe lequel de nos ministres ou de nos ambassadeurs. L'histoire retiendra que la seule fois où le peuple algérien est descendu en masse et d'une manière spontanée dans la rue après le 5 juillet 1962, c'était en juin 1982, non pas pour une manifestation politique ou autre, mais pour manifester sa joie après le succès de son équipe nationale de football sur la RFA en Coupe du monde, en Espagne.