La prochaine conférence extraordinaire de l'OPEP, prévue le 17 décembre à Oran, va-t-elle décider d'une deuxième réduction de l'offre pétrolière de l'organisation, après celle tranchée le 24 octobre dernier à Vienne ? La question reste entière. Au cours des débats organisés samedi dernier par le club El Moudjahid, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a estimé que la réunion d'Oran prendra une décision, à la lumière de l'évolution des marchés et des données dont elle disposera à cette date. Il a toutefois laissé transparaître qu'il est probable qu'elle ne réduirait pas ses quotas, expliquant qu'il faut d'abord attendre les effets produits par la baisse décidée le 24 octobre dernier. Et d'ajouter que l'on essaye d'aider les pays consommateurs dans cette crise. A l'heure qu'il est, l'OPEP observe un «wait and see». Pendant ce temps, la tendance à la baisse des cours continue. Elle est ponctuée de volatilité extrême, parfois. Passé l'euphorie provoquée par l'élection de Barack Obama, les prix ont en effet chuté. Et dans des proportions importantes. Retour sur une semaine faite d'incertitudes. Les cours qui flirtaient avec le seuil des 67 dollars, après l'avoir temporairement franchi, pour la première fois depuis 19 mois, sont tombés, la semaine dernière, à 57 dollars. C'est dix dollars de perdus en l'espace de cinq ajours. Jeudi 6 novembre, ils tournaient autour de 57 dollars le baril. Le baril de brent pour livraison en décembre est redescendu à 56,44 dollars, un niveau qui n'avait plus été atteint depuis février 2007. A New York, il a chuté jusqu'à 60,16 dollars. Le baril valait en début de séance 57,77 dollars, en baisse de 4,10 dollars sur l'Inter Continental Exchange (ICE) de Londres et il perdait 4,25 dollars, à 61,05 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Les prix du pétrole peinent ainsi à reprendre, dans une conjoncture caractérisée par des craintes sur la demande nourries par une nouvelle chute des marchés d'actions et par des prévisions sombres émises par le FMI. Sera-ce pour longtemps ? Les pronostics du FMI s'annoncent moroses. Ils ont attisé les craintes sur la demande pétrolière, un facteur qui n'est pas de nature à faire augmenter les prix, du moins dans l'immédiat. Le Fonds monétaire international entrevoit en effet une récession dans les pays développés en 2009, avec une contraction de l'activité qui devrait atteindre 0,3% et qui serait la première depuis l'après-guerre. Les investisseurs se sont d'autant plus délestés de leur pétrole qu'ils ont vu leur pouvoir d'achat érodé par une remontée du dollar face à l'euro : le billet vert s'est nettement raffermi, remontant jusqu'à 1,2712 dollar contre 1 euro, après l'annonce d'une baisse des taux de la Banque centrale européenne. Les cours du pétrole suivent à la trace ces mouvements des marchés. La tendance baissière des cours avait effacé des gains acquis dans l'euphorie de l'élection présidentielle américaine : comme pour saluer, comme sus-évoquée, la victoire du nouveau Président, les prix avaient fini en hausse de 7 dollars mardi dernier. Tout comme les marchés boursiers qui avaient rebondi. L'euphorie était en fait de courte durée. En résumé, les prix de pétrole ont perdu 60% de leur valeur. On est loin des des records successifs enregistrés, l'été dernier. Cette dégringolade est le résultat de deux facteurs conjugués : la cherté des carburants et le ralentissement économique mondial. De l'optimise cependant dans l'air. Pour l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le niveau actuel des prix ne devrait être qu'un épisode de quelques mois avant une nouvelle flambée des cours. Dans son rapport sur les perspectives énergétiques mondiales, rendu public jeudi 6 novembre, l'Agence s'attend à ce que le prix du pétrole repasse au-dessus de 100 dollars le baril et prévoit qu'il atteindra 200 dollars en 2030. Elle table sur une moyenne de 100 dollars le baril pour le prix du pétrole sur la période 2008-2015, en dollars constants de 2007 (c'est-à-dire hors inflation). Y. S.