Résumé de la 52e partie n En rentrant au Sans souci Tuppence découvre que son courrier a été lu... Elle s'en fut dans le cabinet de toilette. Sur l'étagère se trouvait un flacon, dont l'étiquette annonçait en toute innocence «Poudre du Dr Grey», avec des indications de dosage. Méticuleusement, elle souffla un peu de poudre sur la lettre et sur la surface lisse de la boîte. Il n'y avait aucune empreinte digitale. Tuppence hocha la tête avec un sourire d'amère satisfaction. Car il aurait dû y avoir des empreintes digitales : à tout le moins les siennes Evidemment, l'une des domestiques pouvait avoir eu la curiosité de lire les lettres… Mais cela paraissait bien improbable. On avait peine à imaginer que l'indiscrète se soit donné la peine de chercher une clé correspondant à la serrure. Et puis une domestique n'aurait pas pensé à effacer ses empreintes. Mrs Perenna ? Sheila ? Quelqu'un d'autre ? Quelqu'un, en tout cas, qui s'intéressait de près aux mouvements des forces britanniques. Tuppence avait limité à trois phases simples son plan de campagne. D'abord, estimer globalement les probabilités et les éventualités. Ensuite, se livrer à de petites expériences pour déterminer si l'une ou l'autre des personnes habitant Sans Souci, ou y séjournant, s'intéressait aux mouvements de troupes sans vouloir que ça se sache. Et, enfin, découvrir de qui il s'agissait. C'était sur cette dernière phase que Tuppence, dans son lit, le lendemain matin, avait porté sa méditation. Le cours de ses réflexions était quelque peu troublé par Betty Sprot qui, dès potron-minet, avant même que ne lui soit apportée la tasse du liquide fangeux et trouble officiellement baptisé thé du matin, avait fait dans sa chambre une entrée en cavalcade. Betty se montrait aussi remuante que bavarde. Elle s'était prise d'une grande affection pour Tuppence. Etant parvenue à se hisser sur le lit, elle glissa sous le nez de Tuppence un livre d'images en lambeaux et ordonna, d'un ton sans réplique : — 'ire. Et, docilement, Tuppence lut : «Jusqu'où voleras-tu, petit jars, petite oie ? En haut, et puis en bas, et de la cave au toit.» Betty s'en roula de joie sur l'édredon, répétant avec enthousiasme : — Enhiaut enhiaut enhiaut (Puis, d'une voix chagrine :) En bas… Sur quoi elle se laissa lourdement tomber du lit. Ce jeu fut répété à plusieurs reprises, jusqu'à ce que la fillette s'en lasse. A quatre pattes, elle s'empara alors des chaussures de Tuppence qu'elle se mit à manipuler, tenant à sa propre attention un discours abondant dans son langage particulier : — Aguedo… bahpitte… souh… souh dah… poutche (à suivre...)