Histoire n Les maisons fahs d'Alger étaient, hier, au centre d'une conférence au musée du Bardo. Animée par Omar Hachi, chercheur, historien et ancien directeur des archives de la wilaya d'Alger, la conférence s'inscrit dans le cadre du «Printemps des arts». Elle intervient également en prévision du mois du Patrimoine qui se tiendra, comme chaque année, du 18 avril au 18 mai, date coïncidant avec la Journée internationale des musées. D'abord, qu'entend-on par le terme fahs ? Pour répondre à la question, Omar Hachi oppose le vocable fahs à celui de la médina, c'est-à-dire la cité ou la ville. «La médina, ce n'est pas la Casbah», dit le conférencier. Et d'expliquer : «La Casbah est le nom donné à la citadelle.» Autrement dit, un fahs signifie les alentours de la ville, à savoir faubourg ou banlieue. «Les alentours d'Alger étaient toujours habités, et cela même avant la période ottomane», souligne le conférencier, avant d'ajouter : «Il y avait des habitations et une population et donc une activité commerciale dynamique.» «Et à l'intérieur de chaque fahs, poursuit-il, on pouvait recenser des fhos», c'est-à-dire des petites agglomérations. Il se trouve que de ces fahs ne subsistent actuellement que quelques vestiges, des maisons – ou des villas – que le conférencier classe en quatre catégories. «Il y a celles qui appartiennent aujourd'hui à l'État, et d'autres à des institutions internationales ou à des représentations diplomatiques, il y a celles qui reviennent aux héritiers et enfin celles qui sont occupées, voire squattées», explique Omar Hachi. Et de déclarer : «Malheureusement, il est très difficile d'avoir accès à ces maisons, hormis celles qui appartiennent à l'Etat, d'où la difficulté de les recenser, les classer et les étudier.» De ce fait, le conférencier a regretté que certaines maisons aient disparu, et ce, faute d'entretien et de prise en charge sur le plan de la restauration ou de la rénovation. «Pis, on les a carrément démolies», s'indigne-t-il. Il faut dire aussi que la plupart des propriétaires des maisons, lieux historiques, sont dépourvus du sens du patrimoine ou de la valeur historique et ils n'ont aucune conscience de l'importance de la préservation de la mémoire. Omar Hachi a, ensuite, regretté que d'autres maisons aient subi, notamment avec la colonisation, des travaux de réaménagement. «De nombreuses interventions ont eu lieu sur ces maisons. Les nouveaux occupants ont procédé à des accommodements de manière à transformer – ou à recréer – l'espace», explique le conférencier. Et de mettre l'accent : «On continue aujourd'hui à transformer et à réaménager ces lieux d'une grande valeur historique et patrimoniale.» Ainsi, Omar Hachi a, dans sa communication, passé en revue toutes les maisons fahs d'Alger et de ses alentours – Bouzaréa, Bir Mourad Raïs, Birkhadem, Aïn Ennaâdja… Certaines sont à l'abandon, d'autres transformées, à l'exemple du musée du Bardo. Cette institution muséale était, à l'origine, une maison fahs, mais avec la colonisation, elle a subi des travaux de transformation et de réaménagement, altérant sensiblement son authenticité et sa valeur architecturale.