Résumé de la 5e partie n Après s'être bien reposé et muni d'une carte de la région, Bruce Steel reprend la route vers le village le plus proche... La progression dans le torrent se passe bien au début. Il suit ses rives au milieu d'une gorge d'une hauteur vertigineuse. S'il peut aller ainsi jusqu'au bout, il va franchir la montagne sans avoir besoin d'escalader. Malheureusement, son espoir est déçu. Rapidement, les parois se resserrent tellement qu'il n'y a pas d'autre moyen que d'entrer dans l'eau. Il le fait avec prudence, mais le courant le déséquilibre. Pour se rattraper, il doit lâcher ses vivres. Il est obligé de faire demi-tour. Il est épuisé, il est trempé et tout est à recommencer. Il n'a qu'une consolation : il a sauvé l'essentiel, la photo de Vicky. De retour au refuge, il reste encore deux jours pour reprendre ses forces et, cette fois, il part sans vivres, à part des fraises dans ses poches. C'est que le chemin qu'il va emprunter est très accidenté et il va avoir besoin de ses deux mains. Il a décidé d'aller à Granite Pass, un col élevé, qui débouche sur Granite Basin, un grand cirque rocheux. S'il a opté pour cet itinéraire difficile et dangereux, c'est que Granite Basin est noté sur sa carte comme un endroit touristique. Il espère y rencontrer des alpinistes. Bruce Steel a pourtant sous-estimé les difficultés du trajet. Plusieurs fois par jour, il manque de se tuer. Il progresse à une allure désespérante et, la nuit, il ne trouve pas toujours un endroit pour s'abriter. Heureusement, avec la belle saison qui avance, la température est devenue à peu près supportable et il y a toujours autant de fraises sauvages. 2 juillet 1958. Ce jour-là, il fait un temps magnifique. Charles Howard, dentiste à Albuquerque, a décidé d'aller à Granite Basin, en compagnie d'Albert Me, le meilleur guide de la région. Après avoir laissé leur 4x4 quelques kilomètres plus bas, les deux hommes se sont encordés pour entreprendre l'ascension. Ils se trouvent dans un passage étroit lorsqu'une pluie de cailloux passe tout près d'eux, manquant de les assommer. Ils lèvent la tête et découvrent une forme cent mètres plus haut. C'est de toute évidence un autre alpiniste, mais s'aventurer seul à cet endroit est de la folie ! Intrigué, Charles Howard se saisit de ses jumelles et découvre un homme en haillons, aux bras en sang, dont la barbe et les cheveux blonds le font ressembler à un homme des cavernes. Il est assis et mange des fraises. Le dentiste et son guide crient. Ils voient l'homme se mettre debout, faire de grands gestes et les appeler frénétiquement. Redoutant qu'il ne commette une imprudence, ils lui hurlent : — Ne bougez pas, nous arrivons ! L'escalade est difficile, mais avec le matériel dont ils disposent Charles Howard et le guide Ade en viennent à bout. L'homme est vêtu d'un uniforme en lambeaux, il est dans un état effrayant, maigre, les traits creusés, pleurant de joie, tremblant d'émotion. — Qui êtes-vous ? — Lieutenant Bruce Steel. Mon avion s'est écrasé il y a cinquante-trois jours... Ramené avec précaution par le dentiste et son guide jusqu'à leur 4 x 4, Bruce Steel, qui était officiellement mort pour l'armée, est conduit en hélicoptère jusqu'à sa base de Selma et hospitalisé à l'infirmerie. Là, le médecin le trouve dans un état de santé exceptionnel, compte tenu de ce qu'il a vécu. (à suivre...)