D'autres chercheurs ont également nié le rêve lucide sous prétexte que le sommeil endort la conscience et que celle-ci ne peut intervenir pour juger du rêve. Si la conscience peut émerger, c'est toujours de façon vague, en tout cas, cela ne doit pas donner au rêveur l'occasion de l'exercer comme en état de veille. Le psychologue anglais, Havelock Ellis (1859-1939), célèbre pour avoir fait de la sexualité humaine un objet d'études scientifiques, nie la réalité du rêve lucide. Quelques rares personnes seulement, dans le rêve, ont, occasionnellement, une vague conscience de l'irréalité de l'expérience. «Après tout, peu importe !», seraient-elles tentées de se dire à elles-mêmes, avec plus ou moins de conviction. «Ce n'est qu'un rêve.» Ainsi, une dame, rêvant qu'elle essaye de tuer trois gros serpents en les foulant aux pieds, se demande, tout en rêvant, ce que cela signifie, de rêver de serpents, et une autre dame, rêvant qu'elle est dans une position fâcheuse, sur le point d'être fusillée, par exemple, se répète à elle-même : «Peu importe. Je serai réveillée avant.» Personnellement, je n'ai jamais découvert dans mes rêves aucune reconnaissance que ce fussent des rêves. Je puis dire même que je ne considère pas cette reconnaissance comme réellement possible, bien qu'on en trouve des témoignages chez maints philosophes et autres auteurs, depuis Aristote, Synésius jusqu'à Gassendi. Le phénomène se produit. La personne qui se dit qu'elle rêve croit vraiment qu'elle rêve encore, mais il est permis d'en douter. Il semble plus probable qu'elle va, à un moment, sans s'en rendre compte, émerger à la surface de la conscience éveillée.