C'est le philosophe grec, Aristote qui, le premier, a formulé l'hypothèse qu'on pouvait avoir conscience de rêver au cours du rêve : «dans le sommeil, si l'on a conscience que l'on dort et si l'on se rend compte de l'état qui révèle la sensation du sommeil, il y a l'apparence, mais il y a quelque chose en soi qui dit que c'est l'apparence de Coriscus, et non Coriscus lui-même (car, souvent, quand on dort, il y a quelque chose dans l'âme qui dit que ce qui apparaît est un rêve).» On n'est plus dans la situation classique en Grèce, où c'est un dieu qui dit au rêveur qu'il rêve, mais le rêveur qui se le dit à lui-même. Pour Aristote, cependant, même si on agit comme si on était éveillé, on n'agit pas comme si on était réellement éveillé. Il y a ainsi une limite entre la réalité et le rêve. «Le dormeur peut être trompé par le sommeil ; par la suite, ce qui présente une petite ressemblance avec l'objet semble être cet objet. Chacune de ces apparences est un résidu des sensations en actes, et quand la sensation véritable a disparu, il en reste quelque chose et il est vrai de dire que c'est comme Coriscus, mais sans être Coriscus. Quand il percevait le sens qui juge en maître en nous ne disait pas que ce fût Coriscus, mais à cause de cette apparence, il reconnaissait le Coriscus véritable. Par conséquent, cette chose, dont on disait, en la sentant, qu'elle était Coriscus est mise en mouvement par les mouvements qui résident dans les organes ; et l'objet semblable paraît être l'objet véritable même. La puissance du sommeil est si grande qu'il produit ce résultat à notre insu.»