Orientation n Pour se prémunir d'un éventuel stress hydrique, dont de nombreux pays commencent à se plaindre, l'Algérie a opté pour la mobilisation et l'utilisation des eaux non conventionnelles. Ce choix stratégique renseigne sur l'inquiétude des pouvoirs publics de voir les réserves d'eaux traditionnelles, notamment les barrages, dépendant entièrement des précipitations pluviales, se tarir. Ce qui est normal pour un pays au climat semi-aride où la pluviométrie oscille entre 100 et 600 mm/an seulement et où le spectre de la sécheresse est toujours d'actualité. Le recours aux eaux non conventionnelles est motivé également par le fait que le pays jouit d'un littoral long de 1200 kilomètres et de facteurs démographiques et économiques favorables (l'industrie et la majorité de la population se concentrent sur les villes côtières). En se tournant ainsi vers la technologie du dessalement d'eau de mer, le pays a décidé de mettre le paquet pour réussir son pari. Les responsables du secteur de l'hydraulique ont initié un programme de dessalement d'eau de mer qui comprend la réalisation de 13 stations de capacité variable tout au long du littoral. Ces usines d'eau dessalée produiront 226 millions de m3/jour (soit 825 millions de m3/an) à leur réception définitive prévue à l'horizon 2011. Les deux premières stations de ce programme (la station d'Arzew à Oran et d'El Hamma à Alger), mises en service respectivement en 2005 et 2008, produisent, à elles seules, 290 000 m3/jour. La mise en service dans un avenir proche de la station de Skikda, d'une capacité de 100 000 m3/jour, renforcera davantage la production. «Le développement du dessalement de l'eau de mer permettra de sécuriser l'alimentation en eau potable des grandes villes et de réorienter la ressource des barrages du nord du pays vers les zones accusant un déficit en eau potable, le développement de l'irrigation et les régions des Hauts-Plateaux», a indiqué récemment M. Sellal. Toujours dans le cadre de l'utilisation des eaux non conventionnelles, les responsables de l'hydraulique se sont tournés aussi vers la mobilisation de l'eau saumâtre déminéralisée dans les Hauts-Plateaux et le Grand Sud. Selon les données du ministère de tutelle, plusieurs stations de débit faible de traitement (entre 100 et 200 m3/j) dans le Sud, sont en exploitation par les collectivités locales et la Sonatrach. Il y a aussi la station de déminéralisation en exploitation depuis 2006 à Brédeah (Oran), d'une capacité journalière de 27 000 m3 et 11 autres en cours de réalisation dans différentes régions du pays. Ces stations devraient produire, selon les estimations, 176 000 m3/jour. Parallèlement au dessalement d'eau de mer et à la déminéralisation des eaux saumâtres, les pouvoirs publics se sont lancés dans la mise en place de stations d'épuration des eaux usées et pluviales. Au total, huit stations de traitement des eaux usées, d'une capacité annuelle de 600 millions de m3, seront réceptionnées dans le courant de l'année en cours. Ces eaux seront réutilisées dans l'irrigation.