Portrait Karim Moussaoui est un jeune passionné du 7e art, fervent d?images. L?image l?attire, le fascine et l?inspire. L?image est un tout, un ensemble de détails qu?il veut explorer, décortiquer, représenter. Il s?agit d?«un cadre» à l?intérieur duquel viennent se mettre en place des décors et des personnages et se combiner des situations et des événements. Le monde est symbolisé par l?image, une multitude d?images qu?il est essentiel de décrypter, de commenter pour avoir une meilleure connaissance de la réalité. D?où l?idée de s?initier, de s?essayer à l?image, en réalisant (à l?aide d?une caméra vidéo numérique) un court-métrage, Le Petit-déjeuner, inspiré du poème de Jacques Prévert Déjeuner du matin, pour montrer son approche à l?image, son rapport au monde extérieur. «Une quête du réel et de l?esthétique», explique Karim Moussaoui, qui ajoute : «Je cherche à montrer l?esthétique dans ses différents aspects, qu?elle soit agréable ou crue.» L?image cinématographique est pareille à l?image picturale. Karim Moussaoui, qui est aussi peintre, utilise la même démarche qu?un peintre pour composer son tableau, son image. «Le réalisateur, tel un peintre, imagine d?abord l?espace qu?il doit investir, puis délimite le cadre ; ensuite, il se livre à un travail de construction, de composition de détails, d?organisation d?éléments çà et là, voire de définition de l?environnement spatial dans lequel il ancre ses personnages et raconte leur histoire», explique-t-il. Le film raconte un petit-déjeuner, une scène partagée entre deux protagonistes, une femme et un homme, l?un en face de l?autre, un couple qui, à table, ne se parle pas, ne se regarde pas, s?ignore. L?image en mouvement laisse ressentir une pesanteur, une sensation d?épaisseur et de morosité, deux impressions venant articuler le film : une indifférence mêlée de ressentiment s?exprimant à travers l?attitude ferme de l?homme, et une détresse que le personnage de la femme, fragile et sensible, nous fait ressentir, notamment à la fin du film lorsqu?elle finit par s?effondrer, en larmes. Le film, dépourvu de dialogue, laisse conjecturer une atmosphère lourde et froide, une relation tendue entre les deux protagonistes. Le tout laisse deviner, à travers les gestes de l?un et la conduite de l?autre, qu?il y a eu une dispute la veille. Les séquences scéniques s?écoulent plus qu?elles ne se déroulent. Elles se déversent, s?égrènent, à un rythme semblable à celui des aiguilles d?une horloge, lentement et avec une certaine monotonie, une monotonie venant mettre l?accent sur l?ambiance sombre qui règne. Ce film a valu à Karim Moussaoui le premier prix du jury du «Jeune Cinéma» à la 5e édition du Festival du film de jeunesse de Timimoun 2003. Sa première participation à cette manifestation internationale lui a servi d?expérience. «Le festival m?a permis d?entrer en contact avec le monde du cinéma et ceux qui le font», confie-t-il.