Propagation La drogue de quartier ne se limite hélas pas à cet espace, mais s?étend même aux établissements scolaires. Une enquête, réalisée en 2000, dans plusieurs lycées d?Alger, a démontré que sur 450 jeunes lycéens interrogés, 20% affirment avoir consommé de la drogue devant leur établissement scolaire, 40% disent en avoir pris dans leur environnement, 14% en prenaient quotidiennement et 20% en consommaient occasionnellement. La consommation de chira représente 30% et les psychotropes à usage toxicomaniaque 20%. Selon les spécialistes, le risque le plus important pour l?apparition d?une conduite toxicophile, c?est-à-dire à la recherche de la première prise de drogue, se situe entre 14 et 25 ans. Le danger vient du fait que ce phénomène commence, ces dernières années, à se propager de manière inquiétante dans le milieu scolaire. Il faut noter qu?aucune enquête sérieuse n?a été menée sur le terrain pour connaître l?ampleur du phénomène. Les statistiques officielles sur le nombre de jeunes s?adonnant à la drogue dans le milieu scolaire n?existent pas. C?est dire, d?ailleurs, le laisser-aller des services concernés par rapport à une telle réalité. Une façon pour eux de s?en laver les mains et fuir leurs responsabilités. Une situation qui interpelle, pourtant, tout un chacun pour orienter les actions vers la prévention, seul rempart face aux dealers. Surtout que la plupart des lycéens et collégiens rencontrés à la sortie des classes ne semblent pas mesurer le danger de la drogue. «Ce n?est qu?un joint qu?on fume pour se détendre et oublier les soucis quotidiens», lance avec désinvolture un jeune de 16 ans, en deuxième année secondaire dans un lycée d?Alger. Ce lycéen ne cache pas avoir déjà fumé une kemia à l?occasion dans les sanitaires de son établissement scolaire. «Il nous arrive, mes deux amis de lycée et moi, de nous rencontrer durant les heures creuses, après avoir déjeuné à la cantine, pour fumer un joint», explique un autre. Ce jeune prétend, d?ailleurs, que quelques bouffées de chira lui suffisent pour bien passer la journée. Il faut dire que l?absence de véritable campagne de prévention et de sensibilisation en milieu scolaire a accentué le développement de la toxicomanie. Aucun cours n?est programmé pour préparer les adolescents à dire «non» à celui qui leur propose le premier joint. Aucune leçon n?aborde, non plus, le danger des stupéfiants. Les rares journées de sensibilisation organisées dans les établissements scolaires ne semblent pas avoir un grand impact sur les jeunes. Surtout qu?elles ne touchent pas tous les établissements scolaires. Même les psychologues, qui travaillent au niveau des lycées, ne cachent pas leurs limites concernant l?éradication de ce fléau. «On entend des rumeurs sur des cas de jeunes lycéens qui se droguent. Cependant, notre intervention reste limitée si aucun cas n?est concrètement détecté», explique une psychologue d?un lycée d?Alger. Une autre psychologue d?un lycée de Blida regrette l?attitude des parents et leur désintérêt quant aux fréquentations et aux mauvaises habitudes de leurs enfants exposés, pourtant, à n?importe quel moment, à un tel risque. Une enseignante dans ce même lycée précise dans ce sens : «Les convocations adressées aux parents dans le but de les prévenir contre ce risque sont rarement prises en considération.»