La ville des Roses n'est pas Amsterdam, mais Amsterdam a commencé comme Blida. L'usage de la drogue à Blida a tendance, ces derniers mois, à gagner du terrain dans les différentes couches sociales, notamment parmi les jeunes. En dehors de ce danger évident, Blida est aussi une plaque tournante du commerce de toute sorte de drogues en direction de la capitale et des autres villes importantes du pays. La place des Pompes en plein centre-ville de Blida, enregistre, depuis ces deux dernières années, une grande activité de contrebande de trafic de drogue, jamais égalée auparavant. Ainsi, un véritable réseau de vente de drogue, selon des témoignages recueillis, s'organise tous les jours. A partir de 9 h, des jeunes revendeurs sont postés à chaque coin de rue proposant leur marchandise au su et au vu de tous. Le trafic de drogue dans ce lieu, a pris une dimension inquiétante vu l'implication de certains fournisseurs qui utilisent des adolescents pour revendre leur marchandise. Dans ce jeu dangereux, l'adolescent est la proie la plus facile pour un début de toxicomanie. C'est ainsi que les lycées constituent un terrain propice à la prolifération de la drogue. En effet, le nombre de trafiquants de stupéfiants arrêtés durant le premier semestre 2002 renseigne sur la gravité de la situation. Selon des statistiques, 69 affaires ont été traitées par les services de sécurité. Parmi les personnes arrêtées, il se trouve que 110 dealers, dont 94 placés sous mandat de dépôt, ont fait l'objet de poursuites judiciaires, le reste ayant bénéficié de la liberté provisoire. Selon les mêmes statistiques, les saisies tournent autour de 10 kg de résine de cannabis et plus de 3510 comprimés. Ces chiffres effarants parlent, en fait, d'eux-mêmes. L'abus du haschisch, de cocaïne et autres drogues est une réalité qu'on ne peut nier. En fait, le danger est imminent, sachant que la situation socio-économique du pays favorise évidemment la prolifération des toxicomanes. D'autant que l'âge de la recherche de la première dose se situe entre 15 et 25 ans. Sachant que 46 % de la population a moins de 20 ans, il est inutile de préciser «l'intérêt» que portent les dealers à cette catégorie. Une enquête menée en milieu scolaire par des animateurs de la Forem (Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche) a permis de démontrer la gravité de la situation. Elle a concerné 6 lycées de la ville de Blida. Il en ressort, que 14 % des élèves interrogés ont avoué avoir consommé de la drogue. Parmi eux, il y a ceux qui confient qu'ils en prennent quotidiennement. A ce propos d'ailleurs, il importe de se demander si les dealers qui approvisionnent les établissements, ne sont pas eux-mêmes des lycéens. Les dangers de la drogue sont innombrables. Les stupéfiants favorisent la délinquance, le vol, la violence et le crime. Et les cas de violence sont légion ces derniers temps dans les établissements scolaires. Selon la même enquête, il est indiqué que le haschisch est le plus consommé, suivi des psychotropes (somnifères) et des mixtures (association d'alcool avec des médicaments). Toujours à propos de ce fléau dans le milieu scolaire, il importe de rappeler le sondage réalisé dans un lycée de la ville des Roses par les animateurs de l'Organisation nationale des associations pour la sauvegarde de la jeunesse qui a tenté d'adopter une stratégie de riposte contre le phénomène. Les enquêteurs sont parvenus à une conclusion, à savoir que l'Algérie qui est encore au stade expérimental est loin d'être épargnée. Ainsi donc, sur les 300 élèves interrogés pour 9 classes du secondaire, 20 % ont répondu avoir consommé de la drogue dans l'environnement immédiat de l'établissement, tandis que 40%, qui en prenaient dans l'environnement du lycée se «shootaient» journellement et 20% de manière occasionnelle. Tout compte fait, il est temps d'opter sérieusement pour une véritable politique de prise en charge de ce phénomène. Un professeur a dit à ce propos: «Blida n'est pas Amsterdam, mais Amsterdam a commencé comme Blida.»