“Alger n'est pas Amsterdam, mais Amsterdam a commencé comme Alger.” Cette phrase du professeur Boucebci, qui en dit long sur le phénomène des stupéfiants en Algérie, était, hier, au centre des débats du Forum d'El Moudjahid. La fondation la Forem a invité, à cet effet, l'association Club Génération Méditerranée domiciliée à Paris pour présenter le modèle français en matière de prévention et de lutte contre la toxicomanie. M. Hervé Mecheri, président du conseil d'orientation du Club GM et ex-délégué de lutte contre la drogue et la toxicomanie auprès du Premier ministre français a donné une conférence sur la question des stupéfiants. De l'avis du docteur Khiat, président de la Forem, l'apport de l'expérience française dans ce domaine est important, en attendant que les autorités algériennes daignent prendre en charge sérieusement le problème, sachant que la consommation de stupéfiants n'est pas du tout récente. La progression de la drogue dans le milieu juvénile est inquiétante. En l'absence d'une enquête nationale, l'enquête menée par la Forem, en l'an 2000, a démontré que “la drogue fait rage dans les milieux scolaires”. La Forem qui a ciblé un échantillon de 13 000 élèves de 17 lycées de l'Algérois avait conclu que 32% de lycéens interrogés disent qu'ils sont des consommateurs de drogue. 2 filles pour 3 garçons s'adonnent aux stupéfiants. Parmi cet échantillon, 50% affirment qu'ils consomment des produits illicites à l'intérieur des établissements scolaires. Alors que l'enquête de la Forem de 1994 avait révélé que 14% de lycéens prennent de la drogue, le chiffre a pratiquement triplé en l'espace de 6 ans. Il dénote au moins une chose : en dépit de la sonnette d'alarme tirée en 1994, les moyens de prévention ne sont pas mobilisés, ou sont carrément inexistants. Pour preuve, il n'existe pas à ce jour une instance censée s'occuper exclusivement de la jeunesse en matière de lutte contre la drogue. Même le projet de création d'une délégation, à ce propos, annoncé en grande pompe, il y a quelques années, tarde à voir le jour. Hervé Mecheri passe en revue les contours du modèle français en matière de sensibilisation. Il affirmera que le dossier de la toxicomanie en France est placé sous les auspices des services du Premier ministre qui a dégagé un milliard de FF, à titre de budget d'intervention. Ce chiffre dénote la prise de conscience politique du phénomène. M. Hervé Mecheri s'est montré un fervent opposant de la dépénalisation qui a soulevé, rappelons-le, des débats houleux en France. “Il n'y a pas de drogué heureux”, a-t-il conclu. Le président de la Forem n'a pas hésité à dénoncer l'absence de prise de conscience collective et politique en Algérie sur ce danger. Il a rappelé le projet d'ouverture d'un centre pour la prise en charge des drogués à Boumerdès. Le wali a refusé, dit-il, d'appliquer le décret de 1993 qui permet à la fondation d'ouvrir un centre. Il a relevé le désintérêt du ministère de l'Education, du temps de Benbouzid, vis-à-vis de la proposition de la Forem de mener une enquête nationale sur ce phénomène au niveau des villes frontalières et des wilayas en difficulté.