Dérapage La situation se complique davantage avec la décision de révoquer les élus de Kabylie. On pourrait parler d?un «second temps» de l?après-11 septembre depuis que l?Amérique semble s?intéresser de plus près à la question de la démocratisation des pays d?Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Lorne Whithey Craner, sous-secrétaire américain aux Droits de l?Homme et à la Démocratie, qui vient de séjourner à Alger, a justement traduit cette nouvelle approche de l?Administration Bush dictée, à n?en pas douter, par le nouveau rapport de force qui s?est forgé au lendemain de la chute des talibans, suivie par celle du régime irakien, la normalisation de la Libye kadhafienne et la mobilisation internationale contre le terrorisme. Dans un second temps, les Américains a priori n?entendent pas soutenir les régimes dictatoriaux pour endiguer la violence sous toutes ses formes. Lorne Craner a, du reste, recommandé la levée de l?état d?urgence et a plaidé pour une élection transparente en Algérie. Sur le terrain, cependant, c?est la confusion totale. Au moment où l?opinion publique attendait du dialogue gouvernement-ârchs qu?il ouvre la perspective de lendemains meilleurs pour la région touchée par les événements du printemps noir et pour le pays, la situation s?est compliquée davantage avec la décision de révoquer les élus de Kabylie. En accédant aux doléances des ârchs, le pouvoir n?a pas pris la peine de conférer à la mesure un caractère légal et convaincant. Alors qu?il est accusé d?avoir enfreint la Constitution, Ahmed Ouyahia s?est contenté de répondre qu?il n?y avait aucun rapport. Le premier secrétaire national du FFS, Djoudi Mammeri, dans un entretien à La Nouvelle République, a estimé que la décision de révoquer les élus est «une monstruosité juridique» ajoutant que ceci «n?a d?autre finalité que de ramener la Kabylie meurtrie à soutenir la candidature de Bouteflika». Dans le même ordre d?idées, les députés FLN, par la voix de Mekhalif, ont, lors d?un point de presse tenu hier au siège de leur groupe parlementaire, stigmatisé la politique du président de la République. Mekhalif a accusé Bouteflika d?avoir violé la Constitution, de n?avoir pas respecté son engagement de réunir les conditions nécessaires au fonctionnement normal des institutions et d?avoir violé les lois. Notons, par ailleurs, que le parti d?Aït Ahmed a programmé une conférence de presse aujourd?hui au siège national du parti pour faire part de son plan de sortie de crise.