Avis n L'approche donnée à l'activité féminine reste assez marginale et cela malgré un cadre juridique qui consacre l'égalité des droits économiques et sociaux entre les hommes et les femmes, observe Mme Saliha Badaoui-Ouzir. Tout cet édifice juridique et réglementaire est sérieusement compromis, selon cette économiste chargée de cours à l'Institut national du commerce à Alger, par la loi n° 84-11 portant code de la famille. Pour elle, «le statut personnel ne reconnaît à la femme que sa part domestique». Une lecture qui trouve son origine dans l'article 37 : «Le mari est tenu de subvenir à l'entretien de l'épouse dans la mesure de ses possibilités sauf lorsqu'il est établi qu'elle a abandonné le domicile conjugal.» Une obligation qui, de l'avis de Mme Badaoui-Ouzir, «infantilise la femme, la plaçant sous protection économique et donc sous la dépendance du mari». Cette disposition marque, aussi, la séparation des sexes entre l'espace domestique et l'espace public et peut être perçue comme protection, selon elle. Or, dans la réalité, «elle met en cause la société moderne par le problème de l'accès de la femme au marché du travail», abonde-t-elle. Ainsi, si on suit cette lecture, toute recherche d'une vie professionnelle apparaît alors comme une démission, un affaiblissement du pouvoir du mari. Dans le même ordre d'idées, l'économiste explique que «le droit au travail est implicitement remis en cause dans la mesure où il est stipulé dans l'art. 19 de cette loi que «l'épouse est tenue d'obéir à son mari et de lui accorder des égards en sa qualité de chef de famille». Au regard de ce texte, l'oratrice prévient qu'«un époux peut, dès lors, user de ce droit pour empêcher sa femme d'exercer à tout moment une activité professionnelle, sauf si ce droit a été prévu dans le contrat de mariage». Encore faut-il que cette clause soit connue et largement pratiquée, ce qui n'est pas encore le cas dans notre société. Ces pesanteurs idéologiques et culturelles, exprimées clairement à travers les dispositions du code de la famille, ont largement contribué au ralentissement du travail féminin dans l'espace public, du point de vue de la spécialiste. D'ailleurs, tient-elle à rappeler, «les préjugés traditionnels qui véhiculent une conception figée du rôle de la femme confinée aux seules tâches domestiques en sa qualité de mère et d'épouse, ont, de tout temps, ralenti le travail féminin, notamment à partir de tranches d'âge déterminées».