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Histoires vraies
Le maître de l'encens (2e partie)
Publié dans Info Soir le 20 - 05 - 2009

Résumé de la 1re partie n Malgré la mort après d'atroces souffrances de son prédécesseur, Gregor Chan accepte d'infiltrer les triades...
C'est là qu'il communique avec le superintendant Logan, grâce à un téléphone portable ultrasophistiqué spécialement conçu pour ne pas être capté, car les triades disposent, elles aussi, de tous les raffinements de la technique pour repérer d'éventuels adversaires.
Les premières instructions de Gregor Chan étaient claires : pendant trois mois, ne rien faire d'autre que de vendre ses poupées. Au bout de ce délai, il devait s'inscrire dans un club de karaté, c'est là que les organisations secrètes ont l'habitude de recruter. Comme l'ancien inspecteur était déjà un expert dans cette discipline de combat, il a fait semblant d'accomplir de rapides progrès et il a attendu. Il n'a pas fléchi dans sa volonté et pourtant il savait bien quel ennemi terrible il allait affronter.
A l'origine, les triades ont été créées dans un but tout ce qu'il y a d'honorable. Elles ont vu le jour en 1674 pour renverser la dynastie mandchoue des Tsing et restaurer l'ancienne dynastie chinoise des Ming. Parallèlement à leur action politique, les triades professaient des valeurs spirituelles, croyant en une trilogie terre-air-homme, capable d'assurer l'harmonie et le bonheur universels.
Mais elles n'ont pas tardé à dégénérer. Elles ont oublié leur mission patriotique et leurs idéaux pour ne rester que des sociétés secrètes et devenir bientôt des organisations criminelles. Trois cents ans plus tard, en cette fin du XXe siècle, elles sont la plaie de l'Extrême-Orient, régnant sur les domaines du jeu, de la prostitution et de la drogue. Elles sont tout à fait comparables à la mafia : même violence, même puissance financière colossale. Elles s'en distinguent peut-être par une note de cruauté tout orientale.
Comme le pluriel l'indique, les triades sont multiples. Le nombre et l'identité des organisations ne cessent de changer, ce qui est une difficulté supplémentaire pour les connaître. A Hongkong, d'après les estimations de la police, il y a cinquante-sept triades de taille très inégale, allant de cent à vingt mille membres. Parmi celles-ci, la plus récente, la 14 K, se signale par sa violence, mais la plus importante reste la Sun Yee, qui est aussi la plus ancienne.
Contre les triades, les moyens policiers classiques se montrent inopérants. Les arrestations, les rafles, les opérations coup de poing n'aboutissent pour ainsi dire jamais. Les triades, terriblement influentes, ont de quoi s'acheter bien trop de complicités pour être inquiétées. Les témoins se récusent, quand ce n'est pas la police ou la justice qui se révèlent corrompues ou défaillantes. En fait, le seul moyen de les combattre est de les infiltrer par un policier qui viendra déposer le moment venu. Mais on a vu le danger de l'entreprise.
Ce jour-là, lorsque Gregor Chan appelle le superintendant, ce n'est pas comme les autres fois pour un banal compte rendu. Il parle d'une voix excitée :
— Ça y est, chef ! Je ne pensais pas que cela se passerait si vite...
— Racontez-moi.
— J'ai été contacté par un homme au club de karaté. Il ne m'a pas dit son nom. Il m'a demandé simplement si je voulais faire partie d'une association. J'ai dit oui et j'ai reçu le premier grade. Je suis lanterne bleue :
— De laquelle s'agit-il ?
— La 14K.
— Félicitations, Chan ! Quelles instructions avez-vous reçues ?
— Aucune. La seule chose que j'ai à faire est de revenir régulièrement au club de karaté. C'est là qu'on me recontactera. (à suivre...)


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